Dubai Telegraph - L’exceptionnelle biodiversité de la Guyane menacée par le changement climatique 

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L’exceptionnelle biodiversité de la Guyane menacée par le changement climatique 
L’exceptionnelle biodiversité de la Guyane menacée par le changement climatique  / Photo: JODY AMIET - AFP/Archives

L’exceptionnelle biodiversité de la Guyane menacée par le changement climatique 

Riche de 5.500 espèces végétales et 1.400 espèces animales, la Guyane est la plus grande réserve de biodiversité française, ce qui la rend d'autant plus sensible aux changements climatiques qui risquent de modifier le fonctionnement de la forêt équatoriale ou de perturber la reproduction de certaines espèces comme les tortues marines.

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"D'après les projections, le réchauffement climatique sera d'ici à 2100 en Guyane de +1,5°C à +4°C", indique à l'AFP Ali Bel Madani, climatologue de Météo France Antilles-Guyane.

Ces données, issues du nouveau rapport GuyaClimat, revoient à la hausse les dernières estimations de Météo-France qui tablait en 2013 sur +1°C d'ici à la fin du siècle.

Une hausse du thermomètre aux conséquences "importantes" pour la flore et la faune, déjà visibles chez les tortues marines vertes, olivâtres et luths qui ont trouvé en Guyane un haut lieu de reproduction.

- féminisation des populations -

Car chez les tortues, c'est la chaleur du nid qui détermine le sexe. "Plus le nid est chaud, plus il y aura de femelles. Avec la hausse des températures, on assiste à une féminisation des populations qui met en péril la reproduction", explique Benoît de Thoisy, président de l'association Kwata, spécialisée dans la conservation des tortues.

En dix ans, les pontes des luths ont chuté en Guyane. Passant de 9.516 en 2009 à 828 en 2022 d'après l'association. Le réchauffement des océans en serait aussi responsable.

"Après la saison des pontes, elles migrent vers la zone de convergence des eaux chaudes et froides au niveau du Canada, riche en plancton et méduses, afin de s'y engraisser", explique Benoît de Thoisy, "or d'après nos données, les migrations sont de plus en plus longues car les eaux froides reculent".

Des kilomètres supplémentaires synonymes d'épuisement des reptiles qui entament leur stock de graisse pour migrer, au dépens de la reproduction. "Dans les années 1960-1970, les luths pouvaient faire 5-6 pontes par saison. Aujourd'hui, nous sommes à 4-5 grand maximum et plutôt 2-3 en moyenne", ajoute le président de Kwata.

- La photosynthèse perturbée -

En plus de la faune, cette hausse des températures perturbe également la forêt qui recouvre 97% de la Guyane.

"Quand la chaleur est importante, les arbres ont tendance à fermer leur stomate, ce petit orifice qui permet de respirer et d'échanger avec l'atmosphère", indique Olivier Brunaux, directeur du pôle recherche à l'Office national des forêts de Guyane. "Résultat, les arbres transpirent moins, font moins de photosynthèse et grossissent plus lentement", dit-il.

La diminution de la croissance implique une baisse de la capacité de stockage du carbone - 1,5 gigatonne pour la forêt guyanaise - l'un des plus importants services écosystémiques rendus par les arbres.

De plus, d’après une étude de l'UMR EcoFog (CNRS), passé 31°C, la forêt tropicale humide évolue en forêt tropicale sèche.

"Pour l'instant, la Guyane est plutôt préservée, contrairement à d'autres endroits du bassin amazonien, notamment l’Etat brésilien du Roraima où hausse des températures et baisse des précipitations ont transformé la forêt qui est devenue, aux extrêmes, une savane", selon M. Brunaux.

- Seuil de précipitations à ne pas atteindre -

Car l'autre menace du changement climatique sur l'Amazonie, identifiée par les scientifiques, est la baisse des précipitations. Le Giec, le groupe d'experts sur le climat de l'ONU, les estiment de -20 à -30% d'ici à 2100.

Or pour demeurer une forêt humide, un certain seuil ne doit pas être atteint. "Le vrai impact se situe à moins de 1.500 mm d'eau par an. En Guyane, nous sommes à 4.000-5.000 mm à l'Est du département et 2.000-2.500 mm à l'Ouest", témoigne Olivier Brunaux.

Et encore faut-il que ces pluies se répartissent sur tous les mois de l'année "avec au minimum 150 mm d'eau par mois ", poursuit le chercheur de l'ONF.

Parmi les projections de GuyaClimat: l'allongement et l'intensification des saisons sèches qui entraînerait "un stress hydrique. La période pendant laquelle, sans eau, la réserve des sols se vide".

B.Gopalan--DT