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L'agence spatiale européenne (ESA) prévoit de lancer deux missions scientifiques avec la fusée Falcon 9 de Space X, en raison de l'interruption des tirs des lanceurs russes Soyouz de Kourou et du retard pris par Ariane 6, a annoncé jeudi son directeur général.
Les sondes européennes Euclid et Hera seront toutes deux lancées par le lanceur Falcon 9 conçu par la société d'Elon Musk, a indiqué Josef Aschbacher lors d'un point presse à l'issue d'un Conseil de l'ESA.
"C'est une mesure temporaire que nous prenons en raison de l'interruption des tirs de Soyouz et en attendant la montée en puissance d'Ariane 6", dont le vol inaugural a été retardé au dernier trimestre 2023, a-t-il déclaré.
Euclid étudiera l'expansion de l'Univers après son décollage en 2023. Elle était initialement prévue pour décoller avec une fusée Soyouz. La sonde Hera, elle, doit s'envoler fin 2024 vers l'astéroïde récemment dévié par la Nasa (la mission Dart).
En 2020, l'ESA avait déjà lancé un satellite Sentinel-6 du programme européen d'observation de la Terre Copernicus avec une fusée réutilisable Falcon 9.
Le programme du nouveau lanceur Ariane 6 destiné à succéder à Ariane 5 et à remplir les missions auparavant effectuées par la Soyouz avait été lancé en 2014. Initialement prévu pour 2020, le premier vol d'Ariane 6 a déjà dû être reporté de deux ans en raison de la pandémie de Covid-19 et de difficultés de mise au point.
En février, l'invasion russe de l'Ukraine a coupé court à toute coopération européenne avec la Russie et privé la base spatiale européenne de Kourou, en Guyane française, des lancements de satellites par des fusées russes.
Une troisième mission, EarthCare, satellite d'observation de l'atmosphère terrestre, devait partir avec Soyouz. Elle s'envolera finalement avec le nouveau lanceur léger européen Vega-C, début 2024, a détaillé Josef Aschbacher.
La mission ExoMars, également suspendue après l'invasion de l'Ukraine, devrait quant à elle devoir attendre 2028 pour décoller, selon le nouveau programme d'exploration de l'ESA qui sera soumis aux 22 Etats membres lors de la conférence ministérielle de l'agence, fin novembre.
"Aujourd'hui nous aurions été exactement un mois après le lancement qui était prévu le 20 septembre. Mais maintenant il faudra attendre, si les ministres décident de continuer le projet, jusqu'à un lancement en 2028 pour un atterrissage en 2030", a dit David Parker, directeur de l'exploration humaine et robotique de l'ESA.
En mars, Josef Asbacher avait jugé impossible un lancement d'ExoMars "au moins avant 2026".
Le rover européen Rosalind Franklin, conçu pour forer le sol martien en profondeur à la recherche de traces de vie extra-terrestre, devait y être déposé avec un atterrisseur russe.
Plusieurs options de remplacement sont en discussion, mais une solution européenne est "préférée" à ce stade, a ajouté David Parker.
G.Gopinath--DT