
AEX
9.5200
Les températures record observées dans les océans en 2023 et 2024 ne sont pas le reflet d'une accélération "inattendue" du réchauffement climatique, selon une étude publiée mercredi dans la revue scientifique Nature.
Entre avril 2023 et mars 2024, la température de surface des océans a dépassé d'environ 0,25°C ses précédents records de 2015-2016, et ce pendant plus d'un an. Depuis, les températures sont redescendues sous leur niveau record, mais restent au plus haut depuis 2023.
Ce bond des températures "est très rare" et "nous estimons que ce phénomène se produit tous les 500 ans environ, avec la tendance actuelle du réchauffement", a indiqué à l'AFP Jens Terhaar, chercheur à l'Université de Berne (Suisse), qui a simulé cet événement sur plusieurs modèles climatiques.
"Pas totalement inattendue" dans les conditions climatiques actuelles, une telle anomalie aurait cependant été "pratiquement impossible en l'absence d'une tendance au réchauffement climatique", soulignent les auteurs de l'étude.
Ces températures record avaient fait craindre une accélération du rythme du réchauffement climatique, ce qui n'est pas nécessairement le cas, selon les chercheurs.
"Les scientifiques n'ont jamais cru que le réchauffement (climatique) serait linéaire", explique M. Terhaar, mais au contraire "qu'il s'accélérerait tant que les émissions (de CO2) augmenteraient".
"Ici, la question a été soulevée de savoir si une accélération supplémentaire inattendue s'était produite. Nous montrons que le saut (des températures) n'est pas impossible et que les modèles peuvent simuler de tels sauts", a-t-il ajouté.
En outre, l'évolution des températures depuis leurs records est conforme à ce que prédisent les modèles. "Cela suggère qu'il s'agissait d'un événement extrême et non d'une accélération supplémentaire et inattendue du réchauffement", souligne le chercheur.
La plupart des modèles prévoient désormais que les températures des océans retrouveront, d'ici à septembre 2025, des niveaux similaires à ceux observés avant les records.
Si les températures ne reviennent pas à ces niveaux plus raisonnables, "cela pourrait signifier que nous avons sous-estimé la sensibilité du climat et que le réchauffement futur sera plus important", prévient M. Terhaar.
La hausse des températures de surface des océans se manifeste localement par des vagues de chaleur marines qui peuvent influencer les moussons, intensifier les cyclones tropicaux, provoquer des disparitions massives d'invertébrés, de poissons, d'oiseaux et de mammifères marins ainsi que le blanchiment des coraux, rappellent les chercheurs.
A.Hussain--DT