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Détection de gènes facteurs de cancer ? Traitement des maladies cardiovasculaires ? Le prix Nobel de médecine ouvre lundi le bal des célèbres récompenses avec l'espoir de donner une lueur d'optimisme à un monde en proie à d'extrêmes tensions.
Décernés depuis 1901, les Nobel récompensent les "bienfaiteurs de l'humanité", une promesse qui vient se télescoper avec le fracas d'une année marquée par les guerres au Proche-Orient et en Ukraine.
La récompense pour la médecine ou physiologie attribuée vers 11h30 (09H30 GMT) à Stockholm ouvrira la semaine.
Le nom du biologiste américain Kevan Shokat arrive en tête de la liste des favoris de la radio suédoise SR pour ses travaux sur les mutations du gène KRAS qui provoque la prolifération de cellules et peut entraîner des cancers difficiles à traiter, du poumon, du colon et des tumeurs pancréatiques.
"Grâce à sa découverte, de nouveaux traitements sont actuellement testés pour ces cancers", souligne Annika Östmann, journaliste scientifique de la radio.
La recherche de traitements des maladies cardiovasculaires pourrait être récompensée avec les travaux des généticiens Jonathan C. Cohen et Helen Hobbs. Les deux chercheurs ont identifié des gènes régulant le métabolisme de lipides essentiels tels que le cholestérol, estime David Pendlebury, qui dirige le cabinet Clarivate.
"Leurs découvertes ont conduit au développement de médicaments anti-cholestérol", souligne M. Pendlebury auprès de l'AFP. Clarivate s'appuie sur le recensement des études les plus citées dans les articles scientifiques pour cibler ses favoris.
Helen Hobbs a remporté en 2016 le Breakthrough Prize, prix scientifique lancé par des entrepreneurs de la Silicon Valley dans les années 2010.
L'expert de Clarivate cite également les travaux de neuroscientifiques, Ann M. Graybiel, Okihide Hikosaka et Wolfram Schultz sur les mécanismes neuronaux qui guident notre comportement.
La recherche sur l'épigénétique, incarnée par les travaux de Davor Solter et Azim Surani sur les mécanismes au sein des cellules contrôlant l'activité des gènes sans modification de l'ADN, pourrait également être mise en avant, selon lui.
L'an dernier, le prix Nobel de médecine avait consacré les avancées de la chercheuse hongroise Katalin Kariko et de son collègue américain Drew Weissman dans le développement de vaccins à ARN messager, décisifs dans la lutte contre le Covid-19.
- Microscope de l'infiniment petit -
Pour le prix Nobel de physique mardi, les spécialistes de la radio publique suédoise citent le physicien suisse Christoph Gerber, pionnier dans la mise au point du microscope à force atomique.
"Il s'agit d'un microscope qui fournit des images tridimensionnelles à un niveau si incroyablement petit qu'il atteint parfois une résolution atomique", souligne Camilla Widebeck, de SR. L'outil est devenu crucial dans le domaine des nanotechnologies et des nanosciences, ajoute-t-elle.
Le nom de Gerber revient également dans les anticipations du cabinet Clarivate, qui mentionne aussi les travaux de David Deutsch et Peter W. Shor sur les algorithmes quantiques.
Pour le prix Nobel de chimie mercredi, Lars Bröstrom, de la radio NR, cite le biologiste basé aux Etats-Unis Omar Yaghi et son travail sur les réseaux métallo-organiques (RMO) et leurs propriétés poreuses permettant d'absorber des gaz dangereux.
Karl Deisseroth, psychiatre et spécialiste en bio-ingénierie, pourrait aussi être consacré par le comité Nobel. Le chercheur a investi le domaine de l'optogénétique, qui rend les neurones sensibles à la lumière. Sous sa houlette, des chercheurs sont parvenus à rendre un cerveau de souris totalement transparent pour voir ce qui s'y passe.
Attribué le 10 octobre, le prix Nobel de littérature, l'un des prix phare avec le Nobel de la paix, fait comme chaque année l'objet de spéculations.
L'autrice avant-gardiste chinoise Can Xue, souvent comparée à Kafka pour l'atmosphère à la fois irréelle et sombre qui imprègne ses romans et nouvelles, est fréquemment citée par les critiques littéraires.
"Je crois que ce sera une femme originaire d'une région linguistique non européenne", pronostique pour l'AFP Björn Wiman, chef du service culturel du quotidien Dagens Nyheter.
- Nobel de la paix, un casse-tête -
Temps fort de la semaine, le Nobel de la paix, attribué le vendredi 11 octobre, n'a jamais été aussi difficile à prévoir, tant les catastrophes se multiplient sur la planète.
L'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), la Cour internationale de justice (CIJ) ou le nom de l'Afghane Mahbouba Seraj, fervente avocate des droits des femmes afghanes, sont cités parmi les nobélisables.
Face au risque existentiel que représentent pour l'Humanité les systèmes d'armement capables de fonctionner de manière autonome sans contrôle humain, plusieurs experts citent aussi la coalition d'organisations non gouvernementales Stop Killer Robots comme possible lauréat.
Le prix Nobel d'économie clôt les récompenses lundi 14.
C.Akbar--DT