AEX
-4.3900
Ils auraient déjà dû rentrer sur Terre il y a plusieurs semaines, mais sont encore dans l'espace: les deux astronautes du premier vol avec équipage du vaisseau Starliner, développé par Boeing, ont affiché mercredi leur confiance dans leur véhicule, malgré les problèmes rencontrés.
Les deux astronautes américains Butch Wilmore et Suni Williams devaient initialement passer moins de deux semaines dans le laboratoire volant, mais y sont déjà depuis plus d'un mois.
En cause: des problèmes sur le système de propulsion de la capsule alors qu'elle approchait de la Station spatiale internationale (ISS), qui ont conduit la Nasa à repousser leur départ, le temps de conduire des tests.
"J'ai un très bon pressentiment que le vaisseau spatial nous ramènera à la maison, sans problème", a déclaré Suni Williams lors d'une conférence de presse réalisée depuis l'espace. En attendant, "nous passons un très bon moment ici dans l'ISS", a-t-elle ajouté.
Butch Wilmore a quant à lui loué les capacités du vaisseau, qu'il a piloté manuellement en route vers l'ISS, notamment sa précision.
En tant que pilote d'essai, il a relativisé les défis rencontrés: "C'est le monde des tests. C'est un secteur difficile", a-t-il dit. "Tous les vaisseaux spatiaux jamais conçus ont connu de multiples problèmes. C'est la nature même de notre travail."
- Propulseurs endommagés? -
Juste avant l'amarrage du vaisseau avec la station, cinq petits propulseurs sur 28 avaient à un moment fait défaut, même si tous sauf un avaient finalement pu être redémarrés.
La Nasa a depuis commencé des tests au sol sur un propulseur similaire, en le soumettant à des conditions semblables à celles subies en vol.
"Durant ce vol, nous avons plus allumé les propulseurs qu'attendu", a expliqué mercredi un haut responsable à la Nasa, Steve Stich. Ce test au sol doit ainsi permettre "de comprendre l'effet de la chaleur" induite, a-t-il ajouté.
"Nous ne pensons pas que nous avons des propulseurs endommagés" mais ces tests doivent permettre de "s'en assurer", a déclaré Mark Nappi, haut responsable chez Boeing.
Le système de propulsion est crucial pour le retour sur Terre. De gros propulseurs assurent la poussée principale, tandis que les plus petits -- ceux sur lesquels se penchent la Nasa et Boeing -- assurent la bonne orientation du vaisseau.
Mais même si plusieurs de ces petits propulseurs ne fonctionnaient pas au moment de la descente, d'autres pourraient prendre le relais puisque le vaisseau en a davantage que le nombre nécessaire pour cette manoeuvre, a expliqué Steve Stich.
La Nasa assure donc que les astronautes peuvent à l'heure actuelle utiliser la capsule à n'importe quel moment pour rentrer en cas d'urgence.
Les équipes de Boeing travaillent également à mieux comprendre une autre anomalie: des fuites d'hélium détectées sur le vaisseau. L'hélium, dont il devrait rester des réserves suffisantes malgré les fuites, est un gaz non inflammable mais utilisé dans le système de propulsion.
- Retour fin juillet au mieux -
A l'heure actuelle, la date la plus optimiste pour le retour des deux astronautes est "fin juillet", a indiqué Steve Stich.
Cette mission, menée avec des années de retard sur le calendrier initial après de nombreuses déconvenues durant le développement de Starliner, doit permettre au vaisseau d'obtenir la certification de la Nasa pour ensuite commencer ses opérations régulières de taxi spatial.
En attendant, les astronautes de la Nasa rejoignent déjà l'ISS grâce aux vaisseaux Dragon de SpaceX depuis quatre ans.
L'agence spatiale américaine souhaite disposer d'un deuxième moyen de transport grâce à Boeing, afin de mieux pouvoir faire face à d'éventuels problèmes sur l'une des capsules ou situations d'urgence.
Steve Stich a indiqué mercredi qu'"aucune discussion" n'avait eu lieu avec SpaceX sur l'envoi éventuel d'un vaisseau Dragon pour ramener les deux astronautes -- ce qui constituerait une humiliation pour Boeing.
"La première option aujourd'hui est de faire revenir Butch et Suni avec Starliner", a-t-il martelé. "À l'heure actuelle, nous ne voyons aucune raison que ce ne soit pas le cas."
R.El-Zarouni--DT