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Investisseurs, patrons de start-up et politiques ont affiché mercredi leur ambition de faire de la France un pays leader de l'intelligence artificielle (IA) en Europe, lors de la première journée du salon VivaTech.
"Pour tous ceux qui veulent investir dans l'intelligence artificielle en Europe, la France est +the place to be+ (l'endroit où être)", a tonné le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, sur la scène du plus grand salon européen sur les nouvelles technologies.
"Nous avons les meilleures infrastructures européennes: routes, autoroutes, liaisons ferroviaires, centrales nucléaires, réseaux électriques et, demain, les centres de données", a-t-il poursuivi.
Même optimisme chez Marina Ferrari, secrétaire d'Etat chargée du Numérique. Elle a rappelé dans la matinée que l'intelligence artificielle pourrait faire gagner à la France "plus d'un point de croissance, soit entre 250 milliards et 430 milliards de PIB supplémentaire".
Mme Ferrari a aussi annoncé le lancement du premier programme mondial de recherche et de mise à disposition de solutions d'IA générative en source ouverte pour des principes démocratiques appliqués à l'intelligence artificielle.
Baptisée "Communs démocratiques", cette initiative, portée par la France, se fait en partenariat avec l'organisation Make.org, Sciences Po, la Sorbonne Université et le CNRS.
"La France défend une approche vis-à-vis de l'IA qui se veut ouverte, juste et responsable", a insisté Marina Ferrari.
- Tempo -
Emmanuel Macron avait déjà fait des annonces mardi sur de nouveaux investissements dans l'intelligence artificielle, comme un fonds d'investissement lancé avant la fin de l'année, des crédits supplémentaires pour la formation, ou une mission "d'acculturation" des Français.
L'intelligence artificielle est cependant pour le moment "largement contrôlée par une poignée d'entreprises américaines qui ont un monopole sur le marché des plateformes et un avantage déterminant en termes de collecte de données", a souligné sur scène Meredith Whittaker, présidente américaine de la fondation Signal à l'origine de la messagerie cryptée du même nom.
Sans une approche décentralisée, "nous pourrions finir dans une situation où les sociétés américaines donnent le tempo éditorial au monde entier et dictent ce que l'on doit penser", a mis en garde Arthur Mensch, patron de Mistral AI, pépite française de l'intelligence artificielle dont les modèles de langage rivalisent avec les géants américains comme OpenAI, Meta et Google.
"En créant notre propre technologie en Europe et en visant le marché mondial, nous voulons éviter cela", a-t-il ajouté.
Mistral AI a rejoint la promotion 2024 du programme Next40/French Tech 120, qui sélectionne les 120 start-up françaises les plus prometteuses, selon la liste révélée mercredi.
Lancé en 2019 par la Mission French Tech, ce programme a pour objectif de faire émerger des leaders technologiques de rang mondial.
"Le moment où nous devons intervenir, casser ce monopole, investir, grandir, rivaliser avec les champions du numérique américain, c'est maintenant", a renchéri Bruno Le Maire.
- Main robotique -
Les milliers de visiteurs qui se pressaient dans les allées du parc des expositions de la Porte de Versailles pouvaient aussi découvrir et expérimenter les dernières innovations dopées à l'IA.
Parmi celles-ci se distinguait la main robotique de l'entreprise américaine Esper Bionics.
"Nous utilisons le +machine learning+ (apprentissage automatisé, NDLR) et l'IA pour améliorer la détection de l'activité et rendre le maniement plus intuitif pour chaque utilisateur", a expliqué à l'AFP Dima Gazda, patron d'Esper Bionics, fondée il y a cinq ans.
Un harnais doté d'un GPS et d'un ordinateur couplé à une intelligence artificielle générative permettant de détecter des obstacles pour les personnes mal voyantes (Biped.ai), de l'art conçu grâce à l'IA (Artpoint) ou encore des diagnostics de cancer délivrés plus rapidement grâce à l'intelligence artificielle (Primaa) étaient aussi au programme.
La "tech durable" est l'autre thématique phare du salon, avec des entreprises comme la start-up française Value Park, qui utilise l'eau de mer profonde pour refroidir les bâtiments, et une attention particulière aux nouvelles mobilités, avec la présence de Tesla et Airbus.
Parmi les têtes d'affiche attendues cette semaine figurent John Kerry, ex-émissaire pour le climat du président américain Joe Biden, et Linda Yaccarino, directrice générale de X.
Invité de dernière minute, le milliardaire américain Elon Musk, patron de SpaceX, Tesla et X, doit intervenir jeudi lors d'une séance de questions-réponses à distance.
Des dirigeants français comme Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH, et Christel Heydemann, à la tête d'Orange sont aussi attendus.
I.Uddin--DT