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Un défilé militaire, une manifestation populaire et une série de discours officiels marqueront jeudi au Portugal les commémorations du cinquantenaire de la Révolution des Œillets, qui a ouvert la voie à la démocratie dans le pays et à l'indépendance de ses colonies en Afrique.
"La motivation principale était de régler le problème de la guerre coloniale" qui durait depuis 13 ans en Angola, et presque autant au Mozambique et en Guinée-Bissau, rappelle à l'AFP le colonel à la retraite Vasco Lourenço, président de l'Association 25 avril héritière du "mouvement des capitaines" qui a organisé le soulèvement.
Ces jeunes sous-officiers ont mis presque un an à monter cette "conspiration" et à réaliser "un coup d'Etat visant à ouvrir la voie à la liberté, mettre fin à la guerre et construire la démocratie au Portugal", ajoute-t-il.
Ce 25 avril 1974, le régime autoritaire le plus ancien d'Europe occidentale s'est effondré en quelques heures, pratiquement sans effusion de sang, grâce au soutien immédiat d'une population en liesse.
Lorsqu'une fête prévue dans un restaurant a été annulée, une des serveuses a emporté les œillets rouges qui devaient servir à décorer la salle et les a distribué aux passants, puis aux soldats qui, pour certains, les plantent dans le canon de leur fusil.
- "Héroïsme" -
"Ce seront surtout les images prises ce jour là qui vont transformer l'œillet rouge en symbole de la Révolution du 25 avril et qui finira par donner une vision romantique, poétique à un acte qui tenait beaucoup de l'héroïsme, même si cette révolution a été particulièrement pacifique", explique l'historienne Maria Inacia Rezola, en charge du vaste programme de commémorations.
Point d'orgue de centaines d'initiatives institutionnelles et culturelles étalées sur plusieurs semaines, la journée de jeudi débutera par un défilé militaire comprenant des véhicules blindés de l'époque, restaurés pour l'occasion.
En fin de journée, le président Marcelo Rebelo de Sousa recevra ses homologues des pays africains devenus indépendants après la Révolution: l'Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, le Cap-vert et Sao Tomé et Principe.
Et, comme chaque année, les principaux responsables politiques du pays prendront la parole lors d'une "session solennelle" prévue dans la matinée au Parlement. Dans l'après-midi, des milliers de personnes sont attendues pour le traditionnel défilé populaire dans le centre de Lisbonne.
Au-delà du fait qu'il s'agit du 50e anniversaire de la Révolution, le contexte politique actuel, marqué par une percée de l'extrême droite aux législatives du mois dernier, pourrait augmenter la participation à cette manifestation.
- "Populisme" -
"Je pensais que 48 ans de dictature auraient protégé le pays contre cette vague de populisme et de mouvements radicaux d'extrême droite, mais la réalité s'est avérée différente", note l'historienne Maria Inacia Rezola.
Le régime qui a été renversé en 1974 est né d'une dictature militaire instaurée en 1926. Après avoir été nommé ministre des Finances, l'économiste Antonio Salazar a pris la tête du gouvernement entre 1932 et 1968, pour être ensuite remplacé par le professeur de droit Marcelo Caetano.
Pendant ces années de plomb marquées par le slogan de Salazar - "Dieu, patrie, famille" -, le Portugal est resté "un pays pauvre, arriéré, analphabète et isolé du reste du monde", note Mme Rezola.
Après des mois de tension qui auraient pu dégénérer en guerre civile entre les forces pro-communistes et les courants favorables à une démocratie libérale, la période révolutionnaire s'est refermée le 25 novembre 1975 avec une intervention militaire du général Antonio Ramalho Eanes, qui devient l'année suivante le premier président démocratiquement élu du Portugal.
Autre personnage clé de l'époque, le socialiste Mario Soares remporte les premières élections libres au suffrage universel, organisées le 25 avril 1975 pour former l’assemblée constituante qui a rédigé l'actuelle loi fondamentale du pays.
A.Murugan--DT