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Raviver le souvenir d'un proche décédé, étudier l'astronomie ou simplement savourer un instant rare. Chacun à ses propres raisons de lever les yeux vers le ciel lundi, pour voir la Lune occulter le Soleil au-dessus de l'Amérique du Nord et du Mexique.
Des dizaines de personnes ont installé des tentes ou des mobile homes le long des berges d'une rivière à Ingram, une ville du sud du Texas. Tous sont là, après 20h de trajet ou même une traversée de l'océan, pour vivre l'éclipse.
La rivière court près du parc Stonehenge II, où s'élèvent des répliques des fameuses structures préhistoriques en pierre visibles en Angleterre.
Ingram se situe sur le "chemin de la totalité", l'axe dans lequel la Lune cachera complètement la lumière du Soleil. Ici, le jour deviendra noir pendant plus de quatre minutes à partir de 13H32 heure locale (18H32 GMT).
La météo annonce un temps nuageux et même un risque de tempête, les secours texans sont sur le qui-vive. Cependant, rien ne saurait décourager les curieux qui, armés de télescopes et puissants objectifs, espèrent un ciel clair.
"Nous avons un dicton au Texas qui dit que si vous n'aimez pas le temps, attendez cinq minutes", philosophe Jennyth Peterson, directrice des événements spéciaux de la Fondation des arts de Hill Country, qui gère le parc.
Shelli Ezell, 44 ans, est venue d'Alabama avec sa famille. A ses oreilles, pendent des boucles en forme de soleil, avec un centre noir. Sur ses ongles, des étoiles.
Elle est accompagnée de son fils de 10 ans et de sa fille de 15 ans. Pour l'éclipse de 2017, son autre fille Mary Elizabeth était là aussi. Elle est morte d'un cancer à l'âge de 12 ans.
C'est à cette époque que Shelli et "Marybeth" font leur premier "voyage entre filles" pour aller voir l'éclipse dans l'Idaho. "C'était juste un beau moment. Et c'est juste un souvenir que je chéris".
"Je vais profiter de la journée, mais être là pour ressentir la plénitude et vous êtes juste... en fait vous vous sentez tout petit comparé à l'immensité de l'univers. Et à ce moment, je pense que je me sentirai plus proche de ma fille, aussi", dit Mme Ezell.
- "Paint it black" -
Quelque 2.500 personnes sont attendues au parc Stonehenge II au moment de l'éclipse -- une petite fraction des millions qui regarderont une forme sombre et floue traverser lentement les Etats-Unis depuis le Mexique pour finir sa course au Canada.
Sur place, Jim Saltigerald, 62 ans, patiente avec sa femme et leurs deux enfants. Ils ont confectionné des t-shirts "Paint it black" (peins-le en noir) pour l'occasion, référence à la chanson culte des Rolling Stones.
Il explique aimer la façon dont le jour se change soudainement en nuit, les gens qui allument d'un coup toutes les lumières et les oiseaux qui se fondent subitement dans l'obscurité.
L'homme a voyagé en Angleterre, pays d'origine de sa femme, pour voir une éclipse totale en 1999. Il était présent lors de celle de 2017 dans l'Idaho et aujourd'hui, il est au rendez-vous au Texas.
"C'est une super occasion de se réunir en famille. Une fois dans une vie... enfin, trois fois dans la nôtre dans ce cas", s'amuse-t-il.
Pour Grover Swartzlander, l'éclipse n'est pas qu'un moment historique, c'est aussi une opportunité professionnelle.
"Je suis physicien à l'Institut technologique de Rochester. Je suis financé par la NASA. L'un de nos projets consiste à placer une constellation de ce que l'on appelle des cellules solaires autour du Soleil. Pour mieux comprendre les dynamiques du Soleil", détaille-t-il.
"Et lors de l'éclipse de demain, nous verrons la couronne (solaire, autour de la lune). C'est un signe très fort de ce que fait le Soleil", ajoute-t-il.
"Donc, c'est vraiment une grande source d'inspiration pour continuer ma mission".
A.Ansari--DT