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Dans ses vidéos, Marcela parle avec orgueil et sacarsme de sa communauté, les Mennonites, qui célèbrent cette année leur siècle de présence au Mexique.
Issue d'un groupe religieux chrétien qui a toujours rejeté les moteurs et l'électricité, cette jeune femme de 30 ans est une influenceuse suivie par 358.000 personnes sur Tik Tok et 166.000 sur You Tube.
"@menonita_mexicana" expliquent en deux langues (espagnol et "Plautdietsch", la langue germanique des Mennonites) l'histoire et la culture de sa communauté issue du mouvement protestant anabaptiste (qui rejette le baptême des enfants).
A la confluence des deux mondes, la trentenaire aux longs cheveux châtains se met en scène tantôt en tenue traditionnelle (foulard sur la tête, longue robe noire qui masque les formes du corps), tantôt en tenue plus décontractée, avec maquillage.
Marcela vit à Cuauhtémoc dans l'Etat du Chihuahua (nord), qui accueille la plupart des quelque 100.000 Mennonites vivant au Mexique.
"Ici nous sommes un mélange d'un peu tout", dit-elle en distinguant les "conservateurs", les "traditionnels" et les "modernes". "Tous les Mennonites vivent heureux tels qu'ils sont".
Les disciples de Menno Simons, le prêtre protestant néerlandais du XVIe siècle qui a fondé la communauté, sont arrivés au Mexique en 1922 en provenance de la province du Manitoba au Canada.
Ils devaient apprendre l'anglais, alors qu'ils défendent leur propre éducation religieuse dans leur propre langue.
Le président mexicain de l'époque, Alvaro Obregon, "leur a ouvert la porte" et leur a permis d'avoir leurs propres écoles, en les exemptant du service militaire, explique Lawrence Taylor, historien local.
La famille de Marcela a rompu avec certaines traditions. Son père a par exemple envoyé ses enfants à l'école publique mexicaine.
"Pour mon père, il était important que nous apprenions bien l'espagnol", raconte "@menonita_mexicana" dans une vidéo, où elle avoue qu'elle a tout fait pour gommer son léger accent quand elle était plus jeune.
Marcela est même allée sur la terre de ses ancêtres au Canada dans le cadre d'un échange scolaire.
La jeune femme née quasiment avec internet est tombée dans le chaudron des nouvelles technologies quand elle avait 15 ans. Elle administre les réseaux sociaux de deux entreprises Cuauhtémoc.
"Cela signifie pour moi casser bien des règles. J'espère pouvoir inspirer d'autres femmes mennonites pour qu'elles soient plus indépendantes, plus fortes, sans avoir peur de dire ce qu'elles pensent".
- Et la lumière fut -
A environ 460 km de Cuauhtémoc se trouve l'autre colonie de Sabinal (Chihuahua), où l'électricité a fait son apparition il y a quatre ans à peine, avec les téléphones cellulaires et internet.
Par l'intermédiaire de quelques jeunes connectés, les habitants de Sabinal ont appris en 2020 que le monde entier faisait face à une pandémie.
Ces derniers jours, ces pacifistes convaincus demandent aux étrangers de passage si la guerre en Ukraine a pris fin.
La communauté fondée il y a 30 ans a compté jusqu'à 2.000 habitants, mais les nouveautés de la vie moderne en ont fait fuir la moitié jusqu'à la ville de Campeche (est).
"Ils ne voulaient pas de la lumière", raconte à l'AFP le chef de Sabinal, Johan Friesen Brown, 42 ans. "Et les autres, eh bien ils travaillent ici. Des jeunes pour la plupart".
Les hommes portent des chemises à carreaux, des salopettes et des bérets. Les femmes, les inévitables vêtements amples et de grands chapeaux. Et tout est fait à la main, à la maison.
Jacobo Brown, 50 ans, à la tête d'une boutique et d'une fromagerie, se déclare content des changements.
"Maintenant nous mettons la lumière pour arroser, c'est plus facile", affirme Brown, qui ne sait toujours utiliser l'internet sans fil.
Peter Harder Friesen, 31 ans, salue l'arrivée de l'électricité et des panneaux solaires. "J'ai la lumière à l'intérieur de la maison, le congélateur et tout ce qui s'en suit", déclare Harder, qui cultive du coton à l'aide d'un tracteur.
W.Darwish--DT