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Les actionnaires du conglomérat japonais Toshiba ont rejeté jeudi au cours d'une assemblée générale extraordinaire son projet de scission en deux entreprises indépendantes, a annoncé Toshiba, un coup dur pour le groupe en crise depuis plusieurs années.
Au cours de ce vote qui n'était cependant "pas contraignant", avait précisé Toshiba, les actionnaires ont également rejeté une résolution proposée par un groupe d'actionnaires activistes, qui visait notamment à s'assurer que le groupe explore bien "toutes les alternatives" à son plan de scission.
Ce double "non" --les détails du vote devaient être annoncés ultérieurement-- accroît encore l'incertitude sur l'orientation stratégique de l'ancien fleuron industriel et technologique japonais avant un autre vote, contraignant cette fois, qui doit avoir lieu en 2023.
"En prenant en compte les opinions exprimées par les actionnaires, (Toshiba) va examiner toutes les options stratégiques pour accroître sa valeur d'entreprise", a déclaré jeudi son PDG Taro Shimada.
"L'objectif numéro 1 de Toshiba et du Meti (ministère japonais de l'Economie et de l'Industrie, NDLR) est de se débarrasser des activistes, rien d'autre", a commenté Travis Lundy, analyste de Quiddity Advisors publiant sur la plateforme Smartkarma.
Le problème "est que les activistes ont un mandat" et qu'ils doivent "partir sur une victoire, sinon à ce stade, après toutes ces années, ce serait un échec", a-t-il déclaré à l'AFP avant le vote.
- "Irréversible" -
Le plan soumis aux actionnaires jeudi prévoyait la création d'une nouvelle entreprise regroupant les activités de Toshiba dans les appareils électroniques et le stockage de données, incluant les semi-conducteurs, et son introduction en Bourse d'ici fin mars 2024.
La seconde entreprise, formée du reste de Toshiba, devait conserver ses activités notamment dans les infrastructures et les solutions numériques et également gérer la part d'environ 40% détenue dans Kioxia, géant nippon des puces-mémoires que Toshiba souhaitait introduire en Bourse rapidement.
Le conglomérat, présent dans des secteurs aussi divers que le nucléaire, la défense, les infrastructures, l'électroménager ou encore les solutions numériques pour l'industrie et le stockage de données, voulait continuer en parallèle à céder des actifs considérés comme non stratégiques.
Le plan était fortement contesté par plusieurs grands actionnaires du groupe, à commencer par le premier d'entre eux, le fonds activiste singapourien Effissimo qui contrôle environ 10% du capital de Toshiba.
Estimant qu'un tel plan serait "irréversible" et qu'ainsi toute "erreur de jugement aurait des conséquences irrévocables", Effissimo avait prévenu qu'il voterait contre.
Le deuxième actionnaire de Toshiba, 3D Investment Partners (7,6% du capital), y était également opposé. Il avait proposé une résolution visant notamment à s'assurer que le groupe explore bien "toutes les alternatives" à son plan de scission, dont sa cession totale ou partielle, afin de créer de la valeur plus rapidement.
Toshiba a été affaibli par une série de scandales de comptes truqués à partir de 2015 puis par la faillite de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, suivie de la vente de nombreux actifs pour survivre.
L'entreprise traverse aussi une sérieuse crise de gouvernance depuis 2021, quand son directeur général puis son président du conseil d'administration ont pris la porte face à une révolte des actionnaires, indignés par des manoeuvres douteuses du groupe pour faire voter ses résolutions lors de son assemblée générale ordinaire en 2020.
Dans le dernier épisode de cette saga, le nouveau PDG Satoshi Tsunakawa a quitté de manière inattendue ses fonctions de directeur général le 1er mars, tout en restant président du conseil d'administration, ce qui a été interprété comme un nouveau signe de confusion et de nervosité au sommet.
Le nouveau directeur général Taro Shimada, recruté en interne, a été nommé par intérim.
F.Saeed--DT