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"Plus rapide, plus efficace, plus sûre": une nouvelle technologie basée sur les ondes électriques, présentée mardi par les Hospices Civils de Lyon et en cours d'implantation en France, permet selon ses promoteurs de mieux traiter les troubles cardiaques.
Jusque récemment, la fibrillation artriale, trouble faisant battre le coeur de manière irrégulière ou anarchique, lorsqu'elle n'était pas soignée par médicament et nécessitait une intervention au bloc, faisait l'objet d'un traitement thermique: l'ablation des zones à l'origine du problème était réalisée par radiofréquence (usage du chaud) ou cryothérapie (froid).
Depuis 2021, une "technologue de rupture" gagne du terrain, explique le Dr Samir Fareh, cardiologue spécialisé en rythmologie à l'hôpital de la Croix-Rousse de Lyon.
Dénommée électroporation, elle consiste à "délivrer des champs électriques pulsés, de très haut voltage (2.000 volts), pendant quelques millisecondes, dans les zones sources de cette fibrillation, en général l'oreillette gauche du coeur".
La voie d'accès demeure la même: par cathéter, tube mince placé dans la veine.
Mais la sonde qu'il contient diffuse cette fois de l'électricité, explique ce praticien dans le bloc où est traitée, sous anesthésie générale, une patiente de 71 ans souffrant d'un rythme cardiaque "chaotique" depuis trois mois.
Les images du guidage échographique permettent de suivre la progression de cette sonde à l'intérieur de l'oreillette gauche, où sont ciblées quatre zones, qui reçoivent les ondes électriques, signal sonore à l'appui.
"Littéralement, on éteint l'activité électrique de ces zones", résume le cardiologue. Son intervention a duré une trentaine de minutes, là où, par la méthode thermique, "il aurait fallu compter entre 80 et 120 minutes; on gagne ainsi en aisance d'exécution". Cela permet aussi de "traiter environ 50% de patients en plus, avec le même personnel" et donc "d'optimiser les coûts".
Autre avantage de cette technologie ciblée: plus "spécifique" au coeur, elle n'altère pas le fonctionnement des "organes nobles" avoisinants comme l’œsophage, ce qui réduit les effets secondaires pour le patient.
Depuis janvier, le Dr Fareh a effectué environ 70 interventions par électroporation, avec un taux "de 75% de réussite à plus d'un an, identique à celui des méthodes thermiques".
Une étude publiée le 9 septembre dans la revue scientifique Journals of the American College of Cardiology (JACC) décrit "les résultats prometteurs" de cette technique.
Mais seuls 10 à 15% des centres hospitaliers français en sont équipés aujourd'hui, un chiffre en hausse constante. L'offre a du mal à suivre la demande car "l'industrie a du mal à fournir, notamment en raison de la pénurie "en composants électroniques".
A.Ansari--DT