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L'un a inspiré l'hymne de la Ligue des Champions, un autre est joué lors des remises de diplôme aux Etats-Unis: le public reconnaîtra facilement certains morceaux joués lors de la cérémonie du 6 mai, qui comprendra également des créations 2023.
Que serait-ce un couronnement sans musique? "Ca ne fonctionnerait pas", estime l'historien britannique Simon Schama, pour qui "le rituel ne peut survivre et produire de l'émotion que s'il est jalonné de grands moments musicaux".
Haendel superstar
"Zadok The Priest" de Georg Friedrich Haendel sera LA musique attendue de la cérémonie. A l'occasion du couronnement de George II en 1727, le plus anglais des compositeurs allemands a créé cet hymne qui sera chanté par la suite à chaque couronnement.
"Ca semble ancien, mais à chaque fois qu'on l'entend, c'est tellement intemporel", affirme à l'AFP la professeure Susan Wollenberg, de la faculté de musique à l'Université d'Oxford, précisant que c'est "avec l'arrivée de Haendel que la musique du couronnement a pris tout son poids".
Basé sur un récit de l'Ancien Testament, "Zadok the priest" intervient au moment le plus sacré du couronnement, l'onction, puisque les paroles évoquent comment Sadoq le prêtre et Nathan le prophète ont oint Salomon. "Dieu sauve le Roi, longue vie au Roi, que le Roi vive pour l'éternité!", clame le choeur.
L'oeuvre est si populaire qu'elle a inspiré le célèbre hymne de la Ligue des champions de l'UEFA, créé en 1992 par Tony Britten.
"Vivat Rex!"
"Depuis le couronnement en 1661 de Charles II, le monarque fait son entrée à l'Abbaye de Westminster sur l'hymne +I was Glad when They Said Unto me+", rappelle Peter Linnitt, bibliothécaire du Royal College of Music de Londres.
La version la plus célèbre est celle composée en 1902 pour le couronnement d'Edouard VII par Hubert Parry qui a "calibré sa musique de manière à ce que le monarque arrive près du choeur au moment des acclamations +Vivat Rex+ ("Longue vie au roi)", précise-t-il.
L'hymne a été chanté au mariage de William et de Kate en 2011.
"Communion nationale"
"Pendant des siècles, la musique du couronnement a été centrée autour de l'Eglise", mais certaines compositions d'Edward Elgar (1857-1934), avec leurs accents patriotiques, "ont donné aux Britanniques un sentiment de communion nationale", affirme M. Schama.
Ses marches "Pomp and Circumstance" sont très célèbres, notamment la No. 1: créée en 1901 puis assortie de paroles (Land of Hope and Glory) un an plus tard à l'occasion du couronnement d'Edouard VII, elle est devenue quasiment l'hymne non officiel de la Grande-Bretagne.
Utilisée (sans les paroles) au couronnement d'Elizabeth II, elle figure traditionnellement au dernier concert des Proms de la BBC, mais également avant des matchs de rugby ou de foot. Ses paroles liées à l'Empire britannique ont été au centre d'une controverse en 2020.
La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.
Un nouvel hymne
Pour son couronnement, le roi mélomane a passé des commandes à 12 compositeurs, notamment Andrew Lloyd Webber, connu dans le monde entier pour ses comédies musicales "Cats" et "Phantom of the Opera", qui est restée 35 ans à l'affiche de Broadway, un record.
M. Webber a été chargé de composer un nouvel hymne ("Make a Joyful Noise"), sur la base du Psaume 98.
Patrick Doyle composera une nouvelle marche, Iain Farrington créera un morceau pour orgue représentant des thèmes musicaux de différents pays du Commonwealth, Tarik O'Regan mêlera sonorités arabes et irlandaises dans son "Agnus Dei", tandis que Paul Mealor composera la première création en langue galloise jouée à un couronnement.
Les compositrices à l'honneur
Cinq compositrices créeront des pièces pour la cérémonie, du jamais vu.
Parmi elles, Judith Weir, "Maître de musique du Roi" - première femme titulaire de ce poste qu'elle occupe depuis 2014; la compositrice de films Sarah Class, activement engagée pour l'environnement, ou encore Debbie Wiseman qui a créé d’innombrables bandes-son pour le cinéma et la télé.
H.El-Qemzy--DT