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Tapissant les parois de l'intestin, des cellules aident l'organisme à lutter contre certaines infections. On le savait déjà, mais certaines s'avèrent encore plus efficaces qu'imaginé: elles sont capables de reconnaître des bactéries déjà rencontrées et de mieux les affronter.
Les "cellules lymphoïdes innées 3" (ILC3), largement présentes dans l'intestin, gardent une forme de mémoire des infections passées, ce qui les rend plus efficaces en cas de réinfection, selon une étude menée sur des souris et qui doit être publiée vendredi dans la revue Science.
"Des ILC3 +entraînées+ émergent et restent présentes après une première rencontre avec un pathogène", résument les auteurs de ce travail, rattachés à l'Institut Pasteur et à l'Inserm.
Cette découverte permet de mieux comprendre le fonctionnement du système immunitaire, même s'il faut garder à l'esprit qu'elle a été réalisée sur des animaux et ne peut donc être mécaniquement appliquée à l'Homme.
Elle s'inscrit dans une série de travaux récents qui ont précisé la manière dont s'articulent les deux grandes formes d'immunité: l'innée et l'adaptative.
La seconde est la plus connue. C'est par celle-ci, notamment via la création d'anticorps, que l'organisme "apprend" à reconnaître les bactéries et virus qui l'infectent au fil du temps, afin de les cibler spécifiquement. Elle sert notamment de base au fonctionnement des vaccins.
L'immunité "innée", elle, agit de manière moins ciblée. Elle permet à l'organisme de repérer sans discrimination des agents infectieux et de former immédiatement une première barrière, le temps que la réponse adaptative s'organise.
Mais, depuis plusieurs années, une série de recherches remet en partie en cause cette idée d'une réponse en bloc et indiscriminée. Elles montrent que certains acteurs de la réponse innée, comme les "cellules tueuses naturelles", sont aussi susceptibles de reconnaître un microbe déjà rencontré.
- Une immunité vite réactivée -
C'est aussi le cas des cellules "ILC3", selon l'étude publiée vendredi. Leur rôle dans la défense innée était connu depuis plus de dix ans, mais pas leur don de "mémoire".
Pour mettre celui-ci en évidence, les chercheurs ont infecté des souris avec une bactérie qui agit chez ces animaux d'une manière semblable à Escherichia Coli, l'une des principales causes d'infection chez l'Homme.
Chez les animaux infectés, les cellules ILC3 se sont, pour certaines, transformées en versions "entraînées". Réinfectées quatre mois plus tard avec la même bactérie ou avec des cousines au fonctionnement proche, ces souris ont bénéficié d'une meilleure réponse immunitaire.
Cette mémoire des cellules ILC3 permet "de les rendre efficaces très rapidement pour tout de suite renforcer la barrière lors d'une seconde infection", a résumé à l'AFP Nicolas Serafini, principal auteur de l'étude.
A supposer que ces résultats puissent être confirmés chez l'Homme, ils contribuent à nuancer une vision simpliste de l'immunité innée et adaptative, dans laquelle la première ne ferait que préparer le terrain à la seconde.
"On a l'impression (fausse) que la réponse innée, c'est quelque chose de très simple comme des soldats, et qu'on va avoir le +cerveau+ de la réponse adaptative qui va être vraiment important pour guérir l'infection", a expliqué à l'AFP James Di Santo, qui a supervisé cette étude.
"Ce qu'on montre, nous, c'est que ces cellules +simples+ ne sont pas si simples que ça: elles ont cette capacité, comme le système adaptatif, de changer leur comportement", poursuit-il.
Ce travail a comme intérêt principal d'aider à mieux décrire le fonctionnement complexe du système immunitaire. Il est en revanche bien trop tôt pour dire à quel point, avec d'autres études allant dans le même sens, il annonce des avancées thérapeutiques concrètes.
Mais cela n'interdit pas d'y réfléchir théoriquement et les chercheurs envisagent que l'on puisse un jour employer ces cellules immunitaires "entraînées" comme traitement contre certaines maladies, comme des cancers du côlon.
"Un futur assez lointain, ce serait d'utiliser ces cellules en thérapie cellulaire, si on est capable de les garder très longtemps en vie et de les réinjecter", avance ainsi M. Serafini.
Y.Rahma--DT