AEX
-4.3900
Les recherches de disparus dans les coulées de boue qui ont dévasté Petropolis se poursuivaient sous une pluie intermittente vendredi, trois jours après les violents orages ayant fait au moins 122 morts, avec "des scènes de guerre", selon le président brésilien Jair Bolsonaro, qui a survolé les zones sinistrées.
Le dernier bilan provisoire officiel en date, diffusé par la Défense civile à la mi-journée, faisait état de 122 corps retrouvés, quatre de plus dans la matinée, dans cette ville touristique située à 60 km au nord de Rio de Janeiro.
Selon la Police civile, 116 personnes sont portées disparues, mais seules 57 de celles qui ont péri ont été identifiées jusqu'à présent.
"J'ai vu énormément de destructions, comme des scènes de guerre", a déclaré le chef de l'Etat brésilien au cours d'une conférence de presse, peu après le survol en hélicoptère.
"Nous avons pu prendre parfaitement conscience de la gravité de ce qui s'est passé ici", a ajouté M. Bolsonaro, qui a directement rejoint Petropolis à son retour au Brésil, après plusieurs jours de visite officielle en Russie, puis en Hongrie.
Vendredi matin, les sirènes d'alarme ont à nouveau retenti dans des zones à risque de cette ville de 300.000 habitants.
"Il y a des risques de glissement de terrain dans cette zone, attention, mettez-vous en lieu sûr, dans des structures d'accueil", pouvait-on entendre grâce à des haut-parleurs dès les premières heures de la journée.
La pluie, d'une grande intensité dans la matinée, a ensuite faibli, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Tout le monde a très peur, on sursaute au moindre bruit", confie à l'AFP Atenor Alves de Alcantara, un métallurgiste à la retraite de 67 ans, dont la maison se trouve dans la partie basse du quartier Alto da Serra, le plus affecté par les glissements de terrain.
"C'est bien que le président nous rende visite, mais ça ne va rien changer", ajoute-t-il.
- Sentiment d'abandon -
Plus de 500 pompiers, avec des hélicoptères, des pelleteuses et des chiens renifleurs, restent mobilisés pour rechercher sans relâche les disparus, tandis que l'espoir de retrouver des survivants parmi eux est de plus en plus mince.
Des centaines de bénévoles sont aussi allés prêter main forte aux secours, dont un grand nombre d'habitants des quartiers dévastés par les quelque 400 glissements de terrain, contraints de creuser eux-mêmes pour tenter de retrouver des proches.
À Alto da Serra, près de 80 maisons ont été englouties par une coulée de boue dévastatrice.
"Il pourrait y avoir encore 50 personnes là-dessous, 98 corps ont déjà été retirés depuis mardi", a dit à l'AFP Roberto Amaral, le coordinateur du groupe spécialisé en sauvetage pendant des désastres naturels des Pompiers civils.
"On aimerait terminer les recherches au plus tôt, mais on va travailler jusqu'à ce que le dernier corps soit retiré", a-t-il ajouté.
De nombreux habitants de Petropolis disent se sentir délaissés par les autorités. "La population est en droit de critiquer", mais c'est une région qui connaît beaucoup de drames de ce genre, a réagi le président Bolsonaro. "Malheureusement, d'autres tragédies ont eu lieu ici. Nous faisons ce qui est de notre ressort", a-t-il poursuivi.
Il faisait notamment allusion à 2011, quand plus de 900 personnes avaient trouvé la mort en raison d'inondations et de glissements de terrain dans une vaste région comprenant Petropolis et les villes voisines de Nova Friburgo, Itaipava et Teresopolis.
- Condoléances du pape -
Le pape François a envoyé vendredi un message de solidarité aux sinistrés.
"Le Saint-Père, en prenant connaissance avec beaucoup de tristesse des tragiques conséquences des glissements de terrain, a demandé à l'évêque de transmettre aux familles ses condoléances et partage la douleur de toutes les personnes endeuillées", peut-on lire dans un communiqué du Vatican.
Mardi, Petropolis, l'ancienne résidence d'été de la Cour impériale, a reçu davantage de pluie que la moyenne de tout un mois de février.
L'été austral a été particulièrement meurtrier au Brésil, avec des pluies diluviennes qui ont fait des dizaines de morts ces derniers mois dans les Etats de Bahia (nord-est), Minas Gerais et Sao Paulo (sud-est).
Ces précipitations extrêmes sont liées, selon les experts, au réchauffement climatique.
A.Al-Mehrazi--DT