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Seul Français à jamais avoir été médaillé olympique en saut acrobatique, Sébastien Foucras a "été le dernier des Mohicans" et vécu "les belles années" de la discipline, se souvient-il dans un entretien à l'AFP, alors que le titre des JO-2022 sera décerné mercredi.
Co-créateur des Etoiles du sport, Foucras a été vice-champion olympique 1998 et médaillé de bronze mondial en 1995, en plus de sept victoires en Coupe du monde (entre 1993 et 1997).
Q: Pourquoi avoir choisi le saut acrobatique ?
R: "C'est arrivé totalement par hasard. Je suis gymnaste de formation, j'ai grandi en région parisienne, à Noisy-le-Grand. Je faisais du ski une à deux fois par an parce que ma grand-mère habitait près d'une petite station de ski, le Super Lioran (Cantal). Un jour je suis parti avec mon frère à Tignes, j'ai découvert les rampes de ski acrobatique, un mec m'a vu, Henri Authier, le pionnier du ski acrobatique en France. Il m'a proposé de faire un stage à Evian sur une vraie infrastructure. Ma mère était instit, mon père fonctionnaire à la RATP, autant dire que partir tous les week-ends à la montagne, c'était pas dans le budget familial. Le président du club des Yvelines a proposé de tout prendre en charge. C'était en 1987. En 1989, je suis champion du monde juniors".
Q: Le ski acrobatique débutait à peine ?
R: "Oui, la discipline était très fraîche, les premiers championnats du monde officiels ont eu lieu en 1986. La discipline est vraiment jeune, on est aux années fun, le fluo, etc. Donc il y a un vrai engouement et puis c'est incarné par des personnalités. Moi je vais vivre les belles années, très clairement, et sans le savoir".
Q: Comment étiez-vous perçus à l'époque ?
R: "Par le milieu du ski alpin et nordique, comme des saltimbanques. Il y a beaucoup de personnalités un peu marginales, qu'on retrouve après dans le ski freestyle avec les Seb Michaud d'abord et puis Kevin Rolland, Candide Thovex, qui ont été notre relève. Le freestyle est un bon indicateur de la société, c'est-à-dire que l'alpin et le nordique sont très structurés, cadrés, et les gens qui voulaient sortir du cadre se sont exprimés sur cette discipline, qui elle ensuite s'est structurée avec les Jeux olympiques. Finalement, on a vécu la même transition après avec les jeunes qui ne se retrouvaient plus non plus chez nous et qui ont basculé sur le freeride puis le half-pipe, le slopestyle. Je serais curieux de voir comment les choses vont évoluer parce qu'ils ont tous intégré le programme olympique aussi aujourd'hui".
Q: Avez-vous eu du mal à entrer dans le moule olympique ?
R: "Moi ça m'allait bien parce que gymnaste c'est plutôt carré et puis ce qui m'intéressait, au-delà du plaisir que je prenais à faire cette discipline, c'était gagner. Je voulais être un champion, je n'étais pas un fumeur de pétards. Les Jeux, c'est ce à quoi j'aspirais. Et c'était aussi une espèce de revanche parce qu'en gym à l'époque, il fallait vraiment être bon sur les 6 agrès (pour être au plus haut niveau), j'étais vraiment nul sur deux. Mais j'étais quand même un excellent acrobate, je suis arrivé au saut acrobatique avec la rigueur que j'avais appris en gym et en mettant tout ça en place, ça m'a permis de faire une jolie carrière".
Q: Quel regard portez-vous sur votre discipline aujourd'hui ?
R: "Je ne connais plus personne, déjà il n'y a plus un Français puisque j'ai été le dernier des Mohicans. Après ma médaille (argent aux JO-1998) quand j'ai décidé d'arrêter, ça a perduré mais l'entraîneur national a arrêté parce qu'il n'y avait pas de relève, il n'y avait rien. Il y avait encore des skieurs de bosses et la fédération a restructuré en se disant: le saut c'est trop compliqué, trop cher pour recréer une équipe. Ils ont concentré les moyens sur les bosses, intégré le skicross, et puis après ce qui allait devenir le (half)pipe et le slopestyle".
Propos recueillis par Sabine COLPART
W.Darwish--DT