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Un pour tous, tous pour un: en allant chercher la médaille d'argent, Fabien Claude, Emilien Jacquelin, Simon Desthieux et Quentin Fillon Maillet ont remis le relais français de biathlon sur le podium olympique et permettent à Fillon Maillet de rêver à un exceptionnel grand chelem.
La devise latine "Unus pro omnibus, omnes pro uno", popularisée par Alexandre Dumas père dans son roman les Trois mousquetaires, a connu son application dans le sport mardi, sur le site de biathlon de Zhangjiakou aux JO-2022 de Pékin, avec dans le rôle de d'Artagnan évidemment Quentin Fillon Maillet, et, au choix, Fabien Claude, Emilien Jacquelin et Simon Desthieux dans les rôles de Porthos, Athos et Aramis.
Le collectif français attendait depuis 2006 et les Jeux de Turin de regrimper sur un podium olympique, car lors des trois dernières éditions, en 2010 à Vancouver, en 2014 à Sotchi et en 2018 à Pyeongchang, malgré la mégastar Martin Fourcade, les Bleus avaient fait chou blanc.
C'est désormais chose faite avec une médaille d'argent, alors que la Norvège reléguée à 1 min 47 sec de la tête à mi-course, a effectué un retour incroyable grâce à Johannes Boe, qui s'offre une troisième médaille d'or, aux côtés de son frère Tarjei, Sturla Laegreid et Vetle Christiansen.
Dans une course très longtemps maîtrisée par la Russie grâce à trois relais et demi irréprochables de Said Khalili, Alexander Loginov, Maxim Tsvetkov et Eduard Latypov, le titre semblait acquis à la Russie.
Mais la course a finalement pris une dimension totalement folle, puisque Latypov, avec seulement trois cibles réussies sur huit tirs, a dilapidé toute l'avance patiemment construite au cours des sept huitièmes de la course. Et le match à trois entre la Norvège, la France et l'Allemagne pour l'argent et le bronze, s'est subitement transformée en lutte à 4 pour le titre.
- QFM comme Ducret et Brulé il y a un siècle -
A ce petit jeu, Vetle Christiansen s'est montré le plus calme, blanchissant ses cinq cibles, quand Quentin Fillon Maillet a dû avoir recours à deux pioches. Le titre que les hommes du biathlon français chassent depuis toujours devra encore un peu patienter. Au moins quatre années.
"Vu le scenario, on peut toujours regretter, les Norvégiens ont eu un grand Johannes. Il nous a fait un peu mal. C'est une médaille construite sur notre niveau collectif, il nous a peut-être manqué que quelqu'un fasse un coup d'éclat. Je n'ai pas de regret sur la fin. Dans le dernier tour, on aurait eu du mal", a expliqué l'entraîneur Vincent Vittoz.
"Ce que je note, c'est une victoire du collectif, c'est leur niveau. Ils l'ont construit dans leur travail en vivant biathlon depuis plusieurs années. Ce groupe-là mérite vraiment cette médaille!", a apprécié Vittoz.
Pour "QFM" leader de cette équipe tricolore, les Jeux de Pékin tournent au rêve éveillé. En cinq courses, le Jurassien de 29 ans a décroché à chaque fois une médaille: l'or sur l'individuel et la poursuite, l'argent sur le sprint, le relais mixte et donc le relais masculin. Mieux que Martin Fourcade.
Une performance jamais réalisée depuis près d'un siècle dans l'histoire de l'olympisme français, Jeux d'été et d'hiver confondus. Jusqu'à présent, seuls l'escrimeur Roger Ducret (trois médailles d'or et deux en argent) et l'archer Julien Brulé (une médaille d'or, trois en argent et une en bronze) sont parvenus à atteindre un tel niveau.
Et ce n'est pas fini pour Fillon Maillet: vendredi (17h00 locales, 10h00 françaises) sur la mass-start, il visera le grand chelem, à savoir monter sur tous les podiums proposés au programme olympique. Un six sur six qui le fait tant rêver. En biathlon, seule la légende norvégienne Ole Einar Björndalen a réussi pareil exploit: en 2002, il avait pris les quatre titres en jeu à Salt Lake City (individuel, sprint, poursuite, relais).
L'enchaînement de six courses en treize jours de Fillon Maillet le propulserait encore un peu plus dans le panthéon du biathlon mondial et de l'olympisme tricolore.
A.Hussain--DT