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"Je défendrai Kiev, les armes à la main" : Vitali Klitschko, un ancien champion du monde de boxe, se dit prêt à troquer sa veste de maire de la capitale ukrainienne contre un treillis en cas d'invasion russe, dans un entretien avec l'AFP.
Ex-boxeur dans la catégorie des poids lourds aujourd'hui âgé de 50 ans, il reproche par ailleurs à l'Allemagne où il a longtemps vécu et s'est entraîné, y demeurant une célébrité, de bloquer les livraisons d'armes à l'Ukraine à un moment critique.
"Je m'entraîne tout le temps, je fais des formations en tant qu'ancien officier et chef de la défense territoriale. Je n'ai pas perdu mes acquis, je me perfectionne tout le temps. Je sais tirer avec presque toutes les armes", raconte à l'AFP Vitali Klitschko, assis dans son bureau.
Allure énergique, chemise bleue et veste grise sans cravate, ce géant de deux mètres incarne la force tranquille, mais ne sous-estime pas l'ennemi : "nous comprenons que la Russie a une des plus fortes armées du monde".
"Tout agresseur doit le savoir : ce ne sera pas une balade, cela va lui coûter cher, nous ne nous rendrons pas", prévient-il toutefois.
- 5.000 abris contre les bombardements -
Moscou a massé plus de 100.000 militaires à la frontière ukrainienne et le renseignement américain a affirmé la semaine dernière que le président russe Vladimir Poutine pourrait faire encercler Kiev et renverser son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky en 48 heures.
"Une hypothèse", tempère Vitali Klitschko, assurant que ses services se sont préparés pour "le pire scénario". "Nous avons un plan d'évacuation partielle" de Kiev, une ville comptant plus de trois millions habitants.
Selon lui, la capitale peut compter sur 5.000 abris contre les bombardements, même si certains sont actuellement utilisés comme salons de beauté ou même un comme bar à strip-tease.
"Je n'y vois rien de mal", dit en souriant le maire. "Les propriétaires les entretiennent", ils sont "en bon état".
"Nous comprenons que ni les Allemands, ni les Français, ni les Américains ne vont nous défendre. C'est notre affaire, c'est notre terre", martèle l'homme qui est depuis huit ans à la tête de Kiev.
- "Des milliers de réservistes" -
Pourtant, il ne cache pas sa déception face à la politique de Berlin qui refuse de fournir des armes à l'Ukraine et empêche, selon son pays, certaines livraisons d'armements dans le cadre de la coopération avec l'Otan.
"En ce moment critique, il est difficile à comprendre les non-fournitures ou le blocage des livraisons d'armes défensives de la part de l'Allemagne", même si elle a des intérêts économiques comme Nord Stream 2, le gazoduc controversé construit pour acheminer sur son territoire du gaz russe en contournant l'Ukraine, poursuit-il.
"Je demande officiellement à nos partenaires de trancher pour savoir de quel côté ils sont : celui de l'Ukraine qui se défend ou de l'agresseur".
Il espère malgré tout pouvoir accueillir à la mairie "sa vieille connaissance" Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand, attendu à Kiev lundi : "je l'ai connu quand il était maire de Hambourg où j'ai vécu (...) Nous aurons de quoi discuter".
Mais, pour Vitali Klitschko, les déclarations de soutien à Kiev ne suffisent plus.
"Si une guerre est déclenchée dans un des plus grands pays d'Europe qu'est l'Ukraine, cela déstabilisera toute l'Europe", avertit-il.
Son frère cadet, Wladimir, également ex-champion de boxe, s'est lui aussi inscrit en tant que réserviste pour se battre en cas d'attaque.
"Aujourd'hui, nous comptons des milliers de réservistes. Chaque jour, nous recevons jusqu'à 100 nouveaux appels de ceux qui veulent rejoindre la défense territoriale de Kiev", assure son maire.
Confrontée depuis 2014 à un conflit armé avec les séparatistes prorusses parrainés par Moscou dans l'est de l'Ukraine, l'armée ukrainienne est désormais bien plus forte qu'au début de cette guerre.
"Nous devons être forts. On n'attaque pas les forts, on a peur d'eux", résume Vitali Klitschko.
H.Sasidharan--DT