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Blessures à répétition, suspension pour dopage: la carrière de Beatriz Haddad Maia, 26 ans, semblait ne jamais pouvoir décoller, mais la Brésilienne vient de reporter deux titres coup sur coup sur gazon et s'est offert un statut de tête de série à Wimbledon.
Avant ce doublé inespéré, "Bia", telle qu'elle est connue dans son pays, n'avait pas remporté le moindre titre sur le circuit WTA, puisque son meilleur résultat était une finale, perdue, en 2017 à Séoul.
Grâce aux trophées soulevés à Nottingham, le 12 juin, puis dimanche dernier à Birmingham, la Brésilienne s'est hissée pour la première fois dans le top 30 (29e) et sera tête de série numéro 23 à Wimbledon.
Avant se rendre au All England Club la semaine prochaine où elle affrontera au premier tour la Slovène Kaja Juvan (60e), cette gauchère longiligne a chuté vendredi en demi-finales du tournoi de Eastbourne, battue 7-6 (7/5), 6-4 par la Tchèque Petra Kvitova.
Jusqu'à ce revers, elle avait enchaîné treize victoires consécutives sur herbe, du jamais vu dans le tennis féminin depuis les 20 succès de Serena Williams entre 2015 et 2018.
"Personne ne sait à quel point nous avons travaillé ces deux dernières années. Il m'a fallu beaucoup de détermination, et toutes les épreuves que j'ai subies dans ma vie m'ont donné plus de force", a-t-elle déclaré après sa victoire à Birmingham.
- "Au-dessus du lot" -
Son avènement est un nouveau souffle pour le tennis brésilien, orphelin depuis la retraite en 2008 de Gustavo Kuerten, triple lauréat du tournoi de Roland-Garros.
"+Bia+ peut être dangereuse dans n'importe quel tournoi, elle est largement au-dessus du lot dans le tennis brésilien", explique à l'AFP Renan Nabeshima, du site spécialisé A Voz do Tênis (la Voix du tennis).
Née à Sao Paulo, fille d'un ancien basketteur et d'une professeure de tennis, "Bia" est un talent précoce. "Dès son plus jeune âge, tout le monde voyait en elle un potentiel de grande joueuse", raconte à l'AFP Sheila Vieira, journaliste brésilienne spécialiste du tennis.
Mais sa carrière a été semée d'embuches. Les pépins physiques ont débuté en 2013, avec des problèmes à l'épaule et des hernies discales. En 2017, une fracture de trois vertèbres lors d'un accident domestique a freiné son avènement au plus haut niveau, mais elle est tout de même parvenu à grimper progressivement jusqu'au 59e rang mondial, notamment grâce à sa finale à Séoul.
Le "pire moment" de sa carrière est survenu en juillet 2019 avec un contrôle antidopage positif aux anabolisants.
- Dix mois de suspension -
Elle a purgé dix mois de suspension, bien que ses avocats aient prouvé qu'il s'agissait d'une "erreur humaine" de la pharmacie qui lui fournissait des compléments alimentaires. "J'essaie toujours de me surpasser, jour après jour. Dans la vie, il y a des hauts et des bas et on ne peut pas tout contrôler", a-t-elle confié lors d'un entretien à Voz do Tênis.
Après sa suspension, son retour a été retardé par la pandémie de Covid-19 et elle n'a pas réussi à se qualifier pour les JO de Tokyo, où ses compatriotes Luisa Stefani et Laura Pigossi ont remporté la médaille de bronze en double.
Elle n'a rejoué qu'en septembre 2020. Partant du 1.342e rang mondial, elle n'a cessé de gravir les échelons depuis. "Bia a finalement réussi à laisser derrière elle les problèmes de blessures et de suspension. Ici, au Brésil, on savait qu'elle pourrait reprendre le dessus en enchaînant les matches", insiste Sheila Vieira.
Finaliste en double à l'Open d'Australie en janvier, elle a fait de gros progrès en retour et dans son jeu de jambe, tout en s'appuyant sur son point fort de toujours: un service puissant et très performant.
"Le Top 30 n'est pas une fin en soi pour Bia. Elle va continuer à progresser et à surprendre", prédit Renan Nabeshima.
I.Viswanathan--DT