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Icône et leader charismatique de Montpellier, le demi de mêlée Benoît Paillaugue veut conduire le MHR vers un premier titre de champion de France vendredi face à Castres, lors de la finale du Top 14 au Stade de France, et parachever un long chapitre de l'histoire héraultaise avant de rejoindre Toulon.
"Si je pouvais marquer le club avant mon départ, ramener un titre et voir mon nom gravé à jamais, ce serait top", assure le N.9 de 34 ans.
Montpelliérain d'adoption en provenance du Stade français, après un court passage à Auch, et débarqué dans l'Hérault en janvier 2009 à l'orée du changement d'ère du MHR, Paillaugue est un leader naturel: il incarnera dans cette finale toute une génération de joueurs formés au club, comme Fulgence Ouedraogo, Kélian Galletier ou Misha Nariashvili, qui va tirer sa révérence ou changer d'air.
"On veut finir en apothéose pour eux et particulièrement pour +Fufu+ (NDLR: Ouedraogo). Le faire sortir par la plus grande des portes, ce serait magnifique", assure-t-il, conscient de jouer cette finale pour lui mais aussi pour eux.
Toujours le premier pour défendre l'image souvent brocardée du club présidé par Mohed Altrad, il a également souvent joué les pompiers de service lors des fréquentes crises traversées, comme à l'hiver 2021.
- Longévité -
"Je suis un affectif. J'ai appris à me canaliser, mais c'est mon tempérament… Et c'est peut-être comme ça que j'ai pu rester quatorze ans dans le même club", juge le Montpelliérain, qui a réussi à surmonter la forte concurrence à son poste (l'Australien Nic White, le Sud-Africain Ruan Pienaar...), ou les graves blessures.
Victime d'une rupture de ligament croisé du genou le 4 septembre à Toulon (24-24), lors de la 1re journée du Top 14, Benoît Paillaugue est revenu début avril, au terme d'une convalescence express, pour assumer la succession du champion du monde sud-africain Cobus Reinach, opéré d'une épaule et privé du sprint final.
"Quand on a perdu Cobus, on a tous pensé que la suite pouvait être compliquée. Mais Benoît, au profil totalement différent, n'a fait que des bons matches depuis son retour", a témoigné Kélian Galletier auprès de l'AFP.
Rochelais d'origine, Paillaugue a grandi dans l'ombre de la famille Elissalde et notamment de Jean-Baptiste, ex-demi de mêlée lui aussi, en charge de la défense du MHR depuis 2020.
Comme son entraîneur, Paillaugue naviguait, lors de ses premières années de rugby, entre la mêlée et l'ouverture, avant d'être fixé en N.9 par l'ex-entraîneur du MHR (2010-2014) et actuel sélectionneur des Bleus Fabien Galthié, croisé à Paris, qui a imprimé à Montpellier son style plein d'autorité et centré sur le collectif.
Avec son gabarit atypique (1,70 m, 72 kg), Paillaugue a misé sur sa vitesse, sa vista et sa science du jeu.
- "Filouterie" -
"Il est là pour bien faire jouer les autres. Pour lui, l'important est de favoriser la fluidité de jeu. Il ne va pas faire la différence tout seul, mais il est créatif par ses enchaînements", décrypte Galletier.
"C'est un meneur de jeu, un meneur d'hommes, poursuit le troisième ligne international. Il s'est construit peu à peu, pour devenir un vrai stratège. Plus il a avancé, plus il a eu la capacité à faire les bons choix. D'autant qu'il possède une certaine filouterie".
Autant de qualités qui lui serviront à l'avenir, puisque Paillaugue se destine à une carrière d'entraîneur.
Joueur d'influence, homme de pouvoir qui distille ses bons mots sur et hors du terrain, il se comporte comme le patron qui a presque tout vécu depuis le début des années 2010 et l'émergence du MHR au plus haut niveau.
Même si le club héraultais confiera l'an prochain ce rôle à la recrue montoise Léo Coly, au Géorgien Gela Aprasidze et forcément à Reinach, au contrat prolongé, il sera une dernière fois le chef d'orchestre de Montpellier, vendredi face à Castres.
"Il a en lui la hargne et la rage de vaincre. Fidèle à la tradition française, il fait partie de ces N.9 teigneux, exigeant envers lui et les autres, souffle Galletier. Il aime regrouper les gens autour de lui". Hier comme demain.
F.Saeed--DT