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C'est un monument du basket français qui est menacé de disparition: Pau-Orthez, passé sous bannière américaine il y a un an, a vu son engagement dans l'élite et en ProB en 2022-2023 refusé pour des raisons financières.
La décision de la Direction nationale de contrôle et du conseil de gestion (DNCCG) de la Ligue nationale de basket était attendue, elle n'a surpris personne mais créé une certaine stupeur chez les amoureux de l'Elan et ses salariés, dont le sort dépend largement du maintien ou non du club dans le giron professionnel.
Bien sûr, le club palois a huit jours pour "formuler une demande de recours gracieux" pour contester cette décision, mais l'avenir du nonuple champion de France, vainqueur d'une coupe Korac et de quatre Coupes de France, qui fréquente les deux premières divisions nationales depuis 1970, s'est fortement assombri.
Dans leur histoire récente, les Béarnais ont déjà subi des rétrogradations, en 2009 et 2012, mais elles étaient purement sportives et avaient été suivies de remontées immédiates. Il s’agit donc de sa première rétrogradation administrative, paradoxalement l'année où ils se sont réveillés sportivement avec une victoire en Coupe de France en avril et une demi-finale d'Elite en juin.
Ce jeudi, ni le président du club David Bonnemason-Carrère ni le propriétaire américain, le fonds Counterpointe Sports Group (CSG), ne se sont publiquement exprimés. Mais l'entourage du club laisse entendre qu'il utilisera bien cette possibilité d'appel.
Pour motiver sa décision, la DNCCG invoque "l'absence de garantie quant à la continuité d’exploitation du club et l'absence de tout élément probant permettant de lever ce risque". Elle juge aussi qu'il y a un "aléa sérieux quant à la réalisation du budget 2022/2023".
Entendu une première fois par l'instance de contrôle le 14 juin dernier, l'Elan s'était présenté avec un déficit avoisinant les 3 millions d'euros, pour un budget fixé à 7,8 millions en début de saison. La DNCCG avait alors réclamé un million d’euros de garantie, la possibilité étant ouverte de rembourser les deux millions restants, via un prêt bancaire.
- Électrochoc ? -
Son président et cofondateur David Otto avait innové cette saison en termes d'actionnariat en proposant au public des jetons ("token") représentant une partie de son capital, en utilisant la technologie de la chaîne de blocs ("blockchain").
Il avait vendu sans difficulté ses premiers crypto-jetons, avec la possibilité de tirer jusqu'à un maximum de 10 millions d'euros de cette opération, selon CSG, alors que la situation financière, réelle, se dégradait dangereusement.
Ces derniers jours, David Otto était venu spécialement en France pour tenter de mobiliser les actionnaires majoritaires, des partenaires locaux et historiques de l'Elan, en vain. La décision de la DNCCG va-t-elle servir d'électrochoc ?
En attendant, il paraît peu probable que les collectivités publiques acceptent de venir à la rescousse en l'état. Alors que les deux parties s'étaient mises d’accord pour une reprise d'actions à hauteur de 800.000 euros au moment de la cession du club, la Communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées, présidée par François Bayrou, n'a toujours pas reçu le versement attendu.
Son court communiqué publié jeudi l'a rappelé avec fermeté: "En tout état de cause, les sommes dues à la Communauté d'Agglomération et à la Ville devront être acquittées". Dès lors, elle n'exclut pas d'aller vers des solutions plus radicales, quitte à se séparer de CSG. "En cas de confirmation de la sanction, la question est de savoir s'il existe d'autres solutions de reprise"
Le prochain conseil d'administration du club palois, prévu en début de semaine prochaine, pourrait en apporter quelques unes.
I.El-Hammady--DT