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Les immenses carrières de François Trinh-Duc et Louis Picamoles, qui comptent à eux deux près de 150 sélections avec le XV de France, ont pris fin samedi à Nice avec la défaite de Bordeaux-Bègles en demi-finale du Top 14 contre leur club de coeur, Montpellier (19-10).
Le destin est parfois facétieux. Il a voulu que ces deux grands noms du rugby français jouent ensemble leur dernier match professionnel face à l'équipe avec laquelle ils ont disputé le tout premier.
C'était le 1er septembre 2004 pour Picamoles. Le championnat de France s'appelait encore le Top 16 et une belle histoire débutait ce jour-là pour le puissant troisième ligne centre, sacré champion de France (2011 et 2012) et d'Europe (2010) avec Toulouse avant d'être fait roi en Angleterre, à Northampton.
"C'est toujours particulier de rencontrer Montpellier, pour plein de raisons différentes", confiait "King Louis" cette semaine à l'AFP. "Ça restera pour toujours le club dans lequel j'ai démarré, où je n'ai pas eu la fin que j'ai rêvée".
Trinh-Duc a fait lui l'année suivante ses débuts au MHR, le club de sa ville, qu'il n'a quitté qu'en 2016 pour rejoindre successivement Toulon, le Racing 92 et l'UBB cette saison, pour une dernière pige.
Les deux hommes faisaient partie à la fin des années 2000 des "quatre fantastiques" de Montpellier avec le demi de mêlée Julien Tomas, déjà à la retraite, et le troisième ligne Fulgence Ouedraogo, qui prendra la sienne la semaine prochaine après dix-huit saisons dans l'Hérault.
- Guirado, une dernière danse -
Ecarté par pragmatisme du groupe des 23 par l'entraîneur montpelliérain Philippe Saint-André, "Fufu" (35 ans, 39 sélections), l'homme d'un club, n'a pas eu l'occasion samedi de croiser une dernière fois ses deux amis de toujours.
Trinh-Duc (35 ans, 66 sélections) et Picamoles (36 ans, 82 sélections), vice-champions du monde en 2011 avec les Bleus, ont eux eu droit à un baroud d'honneur à l'Allianz Riviera niçoise.
Le troisième ligne reconverti deuxième ligne est rentré en jeu dès la 50e minute. Son compère ouvreur cinq minutes plus tard à la place de Matthieu Jalibert, qu'il avait plutôt avantageusement suppléé lors de sa longue absence cette saison et qu'il aurait pu envoyer à l'essai en fin de match sur un coup de pied rasant.
La semaine dernière, juste après la victoire des Girondins en barrage contre le Racing 92 (36-16), le jeune ouvreur international avait eu, dans un contexte de tensions avec l'entraîneur Christophe Urios, une pensée pour ses deux coéquipiers sur le point de raccrocher les crampons.
"On ne joue pas pour Christophe. On est juste en mission pour les joueurs", avait-il dit. "On a des joueurs comme François ou Louis qui vont finir leur carrière. Après tout ce qu'ils ont donné au rugby français, on a juste envie de les faire sortir par la grande porte".
C'est raté. La dernière danse, vendredi prochain en finale au Stade de France, sera pour un autre joueur emblématique du rugby français des années 2010: leur ancien capitaine en équipe de France et actuel talonneur de Montpellier Guilhem Guirado.
G.Gopinath--DT