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Très marqué par des JO de Tokyo éprouvants mentalement, la star américaine de la natation mondiale Caeleb Dressel a réussi à faire renaître son envie de nager, à temps pour les Championnats du monde qui débutent samedi à Budapest.
Avec cinq médailles d'or, Dressel s'était imposé comme la grande attraction des Jeux olympiques l'été dernier, battant au passage deux records du monde, sur 100 m papillon et sur le relais 4x100 m quatre nages.
Pourtant, son incroyable moisson à peine récoltée, le nageur avait exprimé son mal-être, confiant combien la pression avait été difficile à supporter. "Là, j'ai envie de tout sauf de nager", avait lancé Dressel dès la fin des épreuves.
A l'image d'autres champions ces dernières années, de la joueuse de tennis Naomi Osaka à la superstar de la gym Simone Biles, Dressel, 25 ans, a brisé le tabou de la santé mentale dans le sport en parlant ouvertement de ses difficultés. Il est même allé jusqu'à partager des extraits de son journal intime.
L'Américain a expliqué que malgré ses cinq couronnes olympiques, il était en fait déçu de n'avoir pas rempli ses objectifs. "Je n'étais pas juste envers moi-même. Je venais de gagner cinq médailles d'or sur le plus grand terrain de sport du monde, et j'étais en train de penser que j'aurais dû nager plus vite", a-t-il raconté récemment à Graham Bensinger, un journaliste américain qui recueille régulièrement des confessions de grands sportifs.
- "Complètement perdu" -
Le retour à la vie normale a été compliqué pour le Floridien, qui dit avoir eu du mal à trouver un équilibre entre son quotidien et son nouveau statut de star des bassins.
"En réalité, tout ce que je voulais, c'était m'enfermer à clé dans une pièce et ne parler à personne", a-t-il déclaré.
"Je me sentais complètement perdu. Je voulais m'échapper le plus loin possible de l'eau, mais en même temps, l'eau est l'un des endroits où je me sens le plus en sécurité. Donc c'était un moment vraiment difficile. J'ai été vraiment malheureux pendant plusieurs mois", a-t-il poursuivi.
Aujourd'hui, après avoir fait l'impasse sur plusieurs compétitions à l'automne et avoir changé d'entraîneur, le champion olympique affirme enfin se sentir mieux mentalement. "J'avais besoin de temps loin de tout ça."
"Fin janvier, j'ai commencé à me sentir en forme. Je fais des temps à l'entraînement que je n'avais jamais faits avant. C'était un bon sentiment de se sentir de retour", s'est-il réjoui.
- Deux heures, trois titres -
A Budapest, il retrouvera la Duna Arena, la piscine où sa carrière avait pris un énorme tournant en 2017. Cette année-là, alors que le monde de la natation cherchait un successeur à Michael Phelps, le titan aux 23 titres olympiques, Dressel, alors âgé de 20 ans, s'était révélé en raflant sept titres mondiaux. Il avait même marqué l'histoire en remportant trois médailles d'or en moins de deux heures, sur 50 m nage libre, 100 m papillon et le relais 4x100 m 4 nages mixte.
A partir de samedi, il s'alignera sur quatre courses individuelles, le 50 et 100 m nage libre ainsi que le 50 et 100 m papillon, animé comme toujours par la volonté de se perfectionner.
"Mon but dans le sport est de m'améliorer, pas de battre des adversaires", a-t-il expliqué au cours d'un podcast présenté par l'ancien nageur australien Brett Hawke.
Dans la capitale hongroise, l'autre star annoncée du bassin devrait être la compatriote de Dressel, Katie Ledecky. En l'absence de sa rivale australienne Ariarne Titmus, qui a préféré se concentrer sur les Jeux du Commonwealth, la septuple championne olympique tentera d'agrandir sa collection de titres mondiaux, qui compte déjà 15 médailles d'or.
Les autres têtes d'affiche de la semaine pourraient être l'Australienne Kaylee McKeown, triple championne olympique à Tokyo, qui pourrait améliorer son record du monde du 100 m dos, ou encore la toute jeune Summer McIntosh, 15 ans, nouvelle révélation de la natation canadienne.
B.Gopalan--DT