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Un peu moins de 80 kilomètres séparent Castres de Toulouse, deux rivaux historiques aux approches antagoniques du rugby qui se disputeront vendredi (21h05) à Nice une place en finale du Top 14 après avoir connu cette saison des destins contrastés.
Ce derby de demi-finale n'aura peut-être pas, en terrain neutre, sa ferveur habituelle, lorsque les voisins se disputent la suprématie occitane devant des tribunes de Pierre-Fabre ou d'Ernest-Wallon incandescentes.
Celles de l'Allianz Riviera niçoise devraient tout de même vibrer pour cette opposition de style, presque caricaturale, entre la sous-préfecture tarnaise de 40.000 habitants et la puissante capitale régionale.
Entre le plus gros palmarès du rugby français, adepte d'un jeu de mouvement flamboyant, et des Castrais durs au mal qui se complaisent dans la posture du "petit", résistant encore et toujours aux envahisseurs plus fortunés.
"Quand tu vois toutes les écuries et tous les gros budgets qu'il y a à côté de nous, c'est une très belle performance de notre part d'être là", souligne le Castrais Baptiste Delaporte, pur produit de la maison tarnaise.
Sauf que le CO, pour la première fois de son histoire, a terminé la phase régulière en tête après être notamment resté invaincu à domicile. Et le jeune troisième ligne n'a pas envie de tout gâcher: "c'est le moment pour nous de se payer. On a fait une belle saison et ça serait dommage de ne pas bien la finir".
- Mola connait bien le CO -
"Le rugby à Castres, c'est important. Pour les gens, la ville, le département... C'est quelque chose qui prend aux tripes", insiste l'entraîneur des arrières castrais David Darricarrère. "Ce club aime les moments importants, solennels, qui le font grandir. On ne se construit pas dans ces moments-là, mais on se réalise".
Même s'il n'en garde pas que des bons souvenirs, le manager toulousain Ugo Mola connaît bien Castres pour y avoir joué et entraîné dans une vie antérieure.
Par deux fois la semaine dernière il a loué le travail accompli par son homologue Pierre-Henry Broncan, dont il s'était attaché les services à Toulouse entre 2015 et 2018 en tant qu'entraîneur de la défense.
"Ils (les Castrais) ne sont pas dominants, avec la 10e attaque, la 7e défense et une conquête parfois défaillante, mais il faut reconnaître que le caractère et l'état d'esprit prévalent encore dans notre sport", salue Mola.
- "Frais comme des gardons" -
"Ils ont terminé premiers du championnat. C'est un fait. Ce sera compliqué s'ils veulent encore se faire passer pour des petits", insiste-t-il alors que son équipe a elle fini quatrième après avoir connu un gros trou d'air pendant l'hiver en l'absence de ses Bleus.
On pourrait y voir un moyen de rejeter un peu de pression sur l'adversaire, vainqueur de leur dernière confrontation en phase finale, en 2018 en barrage (23-11), sur la route d'un titre inattendu.
L'entraîneur des Rouge et Noir dit se méfier de l'état de forme des Tarnais -- "Ils sont frais comme des gardons" -- qui n'ont joué que deux matches depuis un mois et demi, contre cinq côté toulousain.
Seulement privé de son troisième ligne canadien Tyler Ardron, le CO pourrait pâtir d'un manque de rythme face à des Toulousains qui ont réalisé le week-end dernier en barrage une performance de haut niveau contre le nouveau champion d'Europe rochelais (33-28).
Le tenant du titre y a perdu son troisième ligne international François Cros, touché à un genou, mais récupère le pilier droit néo-zélandais Charlie Faumuina, de retour de suspension.
Il comptera également dans ses rangs deux joueurs peut-être un plus motivés que les autres: le troisième ligne Anthony Jelonch et le demi de mêlée Antoine Dupont, révélés à Castres avant de déménager 80 kilomètres plus loin.
A.Ansari--DT