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Plus dure sera la chute: après la relégation sportive, la rétrogradation administrative pour Bordeaux, sanctionné mardi par la DNCG. L'avenir des Girondins, club-phare du foot français destabilisé par des changements incessants de propriétaires aux ambitions et finances souvent indéchiffrables, est incertain.
Le président du club Gerard Lopez a aussitôt fait appel de "cette décision brutale" prise par le gendarme financier du football français, pas du tout convaincu par les finances et les montages envisagés avec ses créanciers King Street et Fortress.
Lopez, dirigeant à l'image brouillée dans le sport (après ses expériences chez Lotus en Formule 1 et à Lille), arrivé l'été dernier au Haillan, s'est ainsi offert un sursis de deux semaines.
Mais pour quoi faire, tant la cause du patient bordelais, relégué administrativement en National (3e div.), semble entendue depuis bientôt quatre ans ? A l'époque, M6, propriétaire depuis 1999, qui a dû se contenter d'un titre de champion de France (2009), d'une Coupe de France (2013) et de trois éditions de la défunte Coupe de la Ligue, ne souhaite plus remettre au pot tous les ans pour combler le déficit structurel, qui explose après la dernière campagne de Ligue des champions (quart de finaliste en 2010).
A vendre, Bordeaux, adossé à l'image de son vin mondialement connu, attire quelques convoitises plus ou moins sérieuses, jusqu'à celle émise par un fonds d'investissement, GACP, qui rafle la mise pour 100 millions d'euros.
- Le choix raté de M6 -
"Ils sont motivés, nous ont présenté un business plan qui nous a paru sérieux", explique alors Nicolas de Tavernost, dirigeant de M6.
Le début des problèmes selon Alain Anziani, président de Bordeaux-Métropole, propriétaire du stade Matmut Atlantique : la décision de la DNCG "résulte d'un péché originel lors de la vente du club par M6 et surtout de l'absence de gestion sérieuse par les fonds d'investissement anglo-saxons, sans expérience dans le football professionnel européen, qui ont creusé sans compter le déficit du club".
Durant l'année où GACP a eu les pleins pouvoirs (2018-2019), on a embauché à des salaires mirobolants, la masse salariale a explosé avec des notes de frais extravagantes qui ont alerté les fonds prêteurs, King Street notamment, qui met fin à cette gabegie en prenant à son tour les rênes.
Trop tard cependant pour inverser la spirale, notamment sportive. Les entraîneurs (Eric Bedouet, Ricardo, Paulo Sousa) ont beau se succéder, les résultats ne suivent pas. Si la pandémie de Covid-19 a gelé les classements au printemps 2020 (Bordeaux 12e), elle a aussi privé les clubs d'entrées d'argent que la crise des droits TV avec Mediapro a accentué.
Financièrement, Bordeaux est alors au bord du gouffre et sur le terrain le maintien des hommes de Jean-Louis Gasset n'est assuré qu'à une journée de la fin.
C'en est trop pour King Street et Fortress qui souhaitent arrêter les frais mais se laissent convaincre par Gerard Lopez.
- Les créanciers ont beaucoup à perdre -
Les supporteurs, d'abord, voient en lui un sauveur.
Le projet Lopez démarre par un pied de nez au foot français avec l'embauche du sélectionneur suisse Vladimir Petkovic, tombeur des Bleus à l'Euro.
En revanche, l'assemblage de l'équipe confiée au Portugais Admar Lopes s'avère complexe, avec très peu de moyens à disposition. Du coup, on pioche au Boavista, club détenu par Lopez, on se fait prêter des joueurs de droite et de gauche et la mayonnaise ne prend pas.
Toujours scotché en bas de tableau cet hiver, Petkovic, congédié en février, est remplacé par David Guion qui ne parviendra pas à redonner vie à une équipe risée de l'Europe au niveau défensif (91 buts encaissés) qui finira dernière.
Désormais, l'avenir à court terme des Girondins (65 millions d'euros de dette, 40 M EUR de déficit hors transfert, 41 M EUR pour repartir en L2) passe par un nouvel accord à trouver entre Lopez et ses créanciers pour éviter le dépôt de bilan devant le tribunal de commerce et une procédure de redressement judiciaire, pouvant aller jusqu'à la liquidation.
Pour le maire EELV de Bordeaux Pierre Hurmic qui a, en marge d'un déplacement mercredi, "déploré la sévérité de la sanction", un plan de financement accepté par la DNCG "est un scénario qui me parait tout à fait possible". "Je ne crois pas qu’il y aura de liquidation, j’ai les oreilles qui traînent un peu, je sais que certains sont intéressés par la reprise du club", a-t-il ajouté sans plus de détails.
rap/ff/bde
O.Mehta--DT