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Fils du "sorcier gersois" Henry Broncan, Pierre-Henry Broncan a métamorphosé son équipe de Castres, opposée vendredi en demi-finale du Top 14 à Toulouse, par où est passé ce technicien passionné et entier, dont le travail acharné lui vaut, à 48 ans, la reconnaissance du milieu.
Suspendu au printemps pour avoir "manqué de respect" à un arbitre lors d'un match de championnat, l'entraîneur du CO a été contraint de suivre deux matches depuis les tribunes.
Il y a pris goût, au point de préférer, depuis, sa position haute à celle habituelle, au bord du terrain. "La vue est bonne", explique-t-il. "C'est juste emm...t pour le staff (auquel il est relié par un micro). Comme je ne peux pas gueuler sur les joueurs, je leur crie un peu dans les oreilles..."
Souvent coiffé, lorsque les températures descendent au pied de la Montagne noire, d'un bonnet à la Guy Roux, le coach emblématique des footballeurs auxerrois, Broncan est sur le banc à l'image du demi de mêlée de caractère qu'il était.
"C'était quelqu'un de très exigeant, avec un franc-parler. Il disait toujours ce qu'il pensait", se souvient pour l'AFP son ancien entraîneur à Montauban au début des années 2000, Xavier Péméja, désormais aux commandes de Nevers, en Pro D2.
"C'était un leader dans le vestiaire et dans le jeu surtout, un gros stratège", poursuit-il. "C'est un des plus grands passionnés de rugby que j'ai rencontrés. Ca doit être dans les gènes".
- Boulimique de rugby -
Homme de valeurs au sourire rare, attaché à son terroir et discret dans les médias, le quadragénaire aux cheveux en bataille a été biberonné à l'ovale au Lombez-Samatan Club, dans le Gers.
Son père, Henry Broncan, y a officié avant de prendre en mains le FC Auch, qu'il a réussi à faire survivre au plus haut niveau malgré des moyens limités, gagnant au passage son surnom de "sorcier gersois".
Le fiston, alors tout jeune entraîneur, lui a succédé en 2007 sur le banc auscitain. Une "erreur", reconnaît aujourd'hui Pierre-Henry Broncan, vite parti s'aguerrir ailleurs à l'époque, loin des comparaisons.
Passé par Aurillac, Colomiers, Tarbes et Bordeaux-Bègles, il a été pendant trois saisons en charge de la défense du Stade toulousain avant de filer à l'anglaise pour une expérience à Bath.
"Peu d'entraîneurs en France ont aujourd'hui un tel portefeuille de connaissances", salue Xavier Péméja. "C'est quelqu'un qui ne s'arrête pas de travailler et qui va chercher des informations, du vécu..."
- Le respect de ses pairs -
Apôtre d'un jeu pragmatique et combatif, le Gersois, devenu proche du sélectionneur de l'Angleterre Eddie Jones lors de son séjour outre-Manche, s'est bâti une réputation de dénicheur de talents, fruit de son immense passion pour son sport.
"Il aime tous les rugbys, de la série régionale à l'international", pointe encore Péméja, que l'intéressé cite parmi ses modèles. "Il connaît le rugby de A à Z et on pourrait même ajouter une lettre pour lui".
Castres luttait pour son maintien en Top 14 lorsque Broncan en a été promu entraîneur en chef en décembre 2020. Le club tarnais n'a plus perdu un match à domicile depuis et vient de finir pour la première fois de son histoire en tête de la phase régulière.
Ce redressement spectaculaire a définitivement fait gagner au nouvel homme fort du CO le respect de ses pairs, à commencer par le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié, qui voit en lui "le leader d'une nouvelle génération de techniciens" français.
L'entraîneur de Toulouse Ugo Mola se dit lui "conforté" dans son choix de l'avoir fait venir à ses côtés comme adjoint en 2015: "que Pierre-Henry soit un bon coach, c'est une évidence maintenant. Ca l'était aussi il y a très longtemps, malgré quelques personnes qui pensaient le contraire".
Les deux hommes se feront face vendredi à Nice pour une place en finale du Top 14. A moins que le nouveau "sorcier" ne préfère encore prendre de la hauteur en tribunes.
Y.Al-Shehhi--DT