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Sa première expérience d'entraîneur n'avait pas été à la hauteur d'une carrière remplie de titres: l'Italien Andrea Pirlo, nouvel entraîneur du modeste club turc de Fatih Karagümrük, a promis lundi d'apporter à Istanbul son style de jeu et d'y décrocher des "succès".
"C'était important de repartir après une année de pause", a déclaré l'ex-entraîneur de la Juventus Turin, veste bleue et chemise blanche impeccable, lors de sa présentation à la presse dans un hôtel chic de la rive européenne d'Istanbul.
Pour sa deuxième expérience en tant qu'entraîneur, c'est loin du nord de l'Italie, où il est né et a fait l'essentiel de sa carrière, que le champion du monde 2006 tentera de parfaire ses gammes, à la tête d'une équipe qui a terminé 8e du championnat cette saison.
"Je vais essayer d'apporter [en Turquie] le football que j'ai en tête (...) et j'espère que ce sera une saison pleine de succès, a dit l'ex-meneur de la Juve et de l'AC Milan, enchaînant les réponses courtes, fidèle à sa réputation d'introverti.
Son arrivée peut ressembler à un déclassement: l'Italien, âgé de 43 ans, avait été remercié en mai 2021 par la Juventus Turin au terme de sa toute première saison comme entraîneur, marquée par deux titres (Coupe et Supercoupe d'Italie) mais des déceptions en Ligue des champions et en championnat.
Propulsé entraîneur de la Vieille dame son diplôme d'entraîneur à peine obtenu, l'introverti "regista" n'avait pu faire mieux que la 4e place de Serie A, venant interrompre une série historique de neuf titres consécutifs de champion d'Italie des Bianconeri.
- "Mauvais souvenir" -
Fini aussi la Ligue des champions et les tribunes remplies de tifosi: 675 supporters se sont déplacés en moyenne la saison dernière pour venir voir jouer les joueurs de Fatih Karagümrük, qui évolue pourtant au stade olympique Atatürk d'Istanbul, qui peut en contenir 100 fois plus.
"Je suis un amoureux du foot, j'ai toujours suivi des championnats étrangers, dont le championnat turc", a confié le "Maestro" pour justifier son choix.
L'Italien a aussi confessé que revenir au stade olympique d'Istanbul serait un "mauvais souvenir" qu'il tâcherait d'effacer vite: c'est là qu'avec l'AC Milan, en 2005, il avait perdu une finale légendaire de Ligue des champions face à Liverpool après que lui et ses coéquipiers avaient mené 3-0 en première mi-temps.
L'ex-joueur, qui a tout gagné ou presque avec l'AC Milan, la Juventus et la sélection italienne (1 Coupe du monde, 2 Ligues des champions et 6 championnats d'Italie), aura pour mission de tirer vers les sommets de la Süper Lig le Fatih Karagümrük.
- "Négociations difficiles" -
Basé dans le quartier de Fatih à Istanbul, le club, remonté en première division turque au terme de la saison 2020/21, a tout de modeste: son budget (le 12e de Süper Lig), son stade (non homologué pour la première division) et un compte Twitter (non certifié) qui a tout juste franchi la barre des 40.000 abonnés après l'annonce de la signature du Maestro, loin des 25 millions de followers cumulés par Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas, les trois grandes écuries stambouliotes.
"Comme vous pouvez le deviner, le fait que nous n'ayons pas notre propre stade, notre propre centre d'entraînement, ni même un bus à notre nom a rendu les négociations difficiles pour nous", a reconnu le vice-président du club turc, Serkan Hurma, devant la presse.
Le club, l'un des huit stambouliotes qui évolueront en première division la saison prochaine, avait déjà été entraîné par un autre Italien, Francesco Farioli.
Il compte aussi dans son effectif plusieurs joueurs italiens, dont le gardien Emiliano Viviano, passé notamment par la Sampdoria de Gênes, et l'attaquant Fabio Borini.
"J'avais vu qu'il y avait des Italiens qui jouaient dans cette équipe, alors par curiosité j'avais commencé à la suivre ces dernières années", a confié Andrea Pirlo, qui a aussi promis de prendre un peu de temps d'ici le début de la saison pour visiter la ville.
A.Ansari--DT