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Le brassard n'a pas semblé être un poids trop lourd à porter pour Presnel Kimpembe, bombardé capitaine d'une équipe renouvelée et sans grand repères, que le Parisien a guidée avec autorité, lundi à Split face à la Croatie (1-1) de Luka Modric.
L'avant-match a donné lieu à une image tout en contraste entre "Presko", 26 ans et 27 sélections, et Modric, le maestro de l'équipe au damier, dix ans de plus, célébré pour sa 150e sélection par plus de 30.000 supporters surchauffés au stade Poljud, avec un tifo géant et des bruyants applaudissements.
Kimpembe, qui sort d'une saison compliquée avec le Paris SG, aurait pu être impressionné par ce décor hostile, où les Bleus voulaient "se racheter" de la défaite subie contre le Danemark (1-2) trois jours plus tôt à domicile, comme il l'avait dit lui-même en conférence de presse la veille.
Il l'a peut-être été, mais cela ne s'est pas vu.
Patron de la charnière constituée avec le peu capé William Saliba, Kimpembe a donné de l'épaisseur à son CV international en stabilisant une défense qui a parfois tangué dans le port dalmate, à l'aide d'interceptions propres et souvent rugueuses.
Ante Budimir (6e) en a fait l'amère expérience d'entrée, comme Mateo Kovacic dès la reprise de la seconde période: le tampon du Parisien a laissé le milieu de Chelsea par terre (46e) et montré aux Croates que les Bleus ne comptaient pas se faire marcher sur les pieds.
Son unique excès d'engagement a été puni d'un carton jaune à la 85e, à un moment où la pression croate était aussi étouffante que la météo à Split.
Capable de s'aventurer également aux avant-postes, notamment sur corner, il a surtout éteint le feu croate dans les moments les plus chauds.
- Sauvetage superbe -
Son intervention la plus belle et la plus déterminante est survenue après une intrusion de Marcelo Brozovic dans le dos de la défense tricolore. Kimpembe a fait parler sa puissance pour revenir en force et réalise un superbe tacle glissant pour envoyer la frappe du Milanais en corner (18e).
Il a aussi montré une belle détente de la tête pour s'imposer devant Budimir (58e), proprement là encore, et a dégagé de la tête une balle de match pour la Croatie (89e).
Kimpembe a donc gagné la "belle bataille" qu'il avait prédite face aux vice-champions du monde, même s'il n'a pu empêcher l'égalisation adverse sur penalty après une faute de Jonathan Clauss (83e).
Depuis le sacre de Moscou, le Parisien s'est inscrit comme un élément durable du groupe France, amassant 24 de ses 27 sélections dans cet intervalle, sans toutefois être perçu comme un titulaire indiscutable.
Le "Titi" né à Beaumont-sur-Oise, en concurrence avec Lucas Hernandez notamment, s'invite néanmoins de plus en plus souvent dans le "onze" de départ de Didier Deschamps. Il a traversé l'Euro l'été dernier comme titulaire et a disputé la finale de la dernière Ligue des nations en octobre contre l'Espagne.
Resté sur le banc vendredi contre le Danemark, il a bénéficié d'une double promotion lundi: titulaire de l'arrière-garde et capitaine, en l'absence de Hugo Lloris (remplacé par Mike Maignan) et du vice-capitaine Raphaël Varane, forfait sur blessure.
A six mois du Mondial-2022, disputé du 21 novembre au 18 décembre au Qatar, Kimpembe s'est montré sous son plus beau jour, fiable et concentré, deux vertus qui lui ont parfois fait défaut au PSG et chez les Bleus. Une prestation de patron.
X.Wong--DT