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Sous pression avant le début du Tournoi, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié finit la compétition avec un titre et la satisfaction de voir la stratégie et les choix de son deuxième mandat validés.
Les doutes avaient refait surface avant même le premier match: cette génération si talenteuse allait-elle une nouvelle fois manquer le trophée malgré les 80% de victoires mis en avant par son sélectionneur ?
Et ces doutes ont pris de l'épaisseur après la défaite en Angleterre (26-25), où le XV de France a été champion des "expected points" (points potentiels) avec de multiples occasions d'essais qu'il n'a pas concrétisés.
Mais la fin du Tournoi a donné raison au sélectionneur, qui a osé des choix forts et réorienté la tactique de son équipe, dans le sillage des matches de novembre réussis, avec trois victoires dont une contre la Nouvelle-Zélande, triple championne du monde (1987, 2011, 2015) et finaliste du dernier Mondial en 2023.
- Concurrence et puissance -
Le sélectionneur a privilégié l'émulation en n'hésitant pas à remettre en question plusieurs joueurs cadres.
Après Charles Ollivon et Grégory Alldritt en novembre, l'ailier Damian Penaud a ainsi été écarté en Italie en raison de sa prestation médiocre à Londres, un signal pour tout le groupe. Revenu de blessure en cours de Tournoi, le plus capé des Bleus Gaël Fickou, qui traverse un saison difficile avec le Racing 92, n'a retrouvé une place de titulaire contre l'Ecosse qu'après le forfait de Pierre-Louis Barassi (commotion).
La défaite à Twickenham a aussi poussé Galthié à étoffer son banc avec sept avants pour un seul arrière, une stratégie forte mais risqué en raison de son déséquilibre qui avait souri aux Springboks lors de la dernière Coupe du monde.
"Le plus important à notre niveau, c'est d'être toujours en capacité de gagner le rapport de force au niveau des avants. C'est pour ça qu'on privilégie la fraîcheur et le potentiel de changements avec l'apport des +finisseurs+ (remplaçants) dans le domaine de la conquête, touche et mêlée", disait-il avant la défaite en Angleterre. Les Bleus, qui comptaient cette fois-là deux arrières sur leur banc (Le Garrec, Gailleton), avaient été dominés en fin de match.
Avec un banc en 7-1, les Français ont concassé l'Italie (73-24), surclassé l'Irlande (42-27) sur ses terres avant de faire plier l'Ecosse (36-15), très joueuse. Mais à Dublin, le flanker Oscar Jégou a été contraint de jouer au poste de centre après la blessure de Barassi.
Cette stratégie, bien que risquée, impose un intense défi physique aux adversaires et permet au pack titulaire de souffler davantage même si l'infatigable troisième ligne François Cros a disputé l'intégralité des cinq rencontres du Tournoi.
- Essais à foison -
Enfin, si les Bleus avaient décroché le Grand chelem de 2022 avec une défense de fer et en privilégiant la dépossession, le titre de 2025 est permis par une attaque de feu, avec le record d'essais à la clé dans le Tournoi (30), l'édition par ailleurs la plus prolifique de l'histoire (108 essais marqués au total).
"Sur un plan offensif, c'est vrai qu'on a touché du doigt pendant cette compétition quelque chose qui nous permettait de déséquilibrer les défenses", a souligné Galthié après l'Ecosse.
La France s'appuie désormais sur un mélange entre un pack ravageur capable d'appuyer longtemps dans des petites zones avec de nombreuses solutions offertes au demi de mêlée et à des arrières très véloces, que ce soit dans le jeu au large ou en contre. L'ailier Louis Bielle-Biarrey a ainsi égalé le record d'essais dans une édition du Tournoi (8), un record vieux de 100 ans.
La réponse des adversaires à ce plan de jeu et les nouvelles idées à trouver pour s'en défaire seront les principales préoccupations pour Galthié, lors de la tournée d'été en Nouvelle-Zélande, disputée avec une équipe remaniée.
Puis surtout lors des tests de novembre marqués par des retrouvailles avec l'Afrique du Sud.
Y.Sharma--DT