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Invité surprise du Mondial-2023, l'ailier de Bordeaux-Bègles Louis Bielle-Biarrey a depuis grimpé à toute vitesse dans la hiérarchie du XV de France, au point de devenir une de ses armes fatales, avant un match décisif pour remporter le Tournoi, samedi face à l'Ecosse.
Lorsque son nom a été annoncé par Fabien Galthié en août 2023 pour participer à la Coupe du monde en France, la flèche de l'UBB, alors âgée de 20 ans, n'attirait pas encore les craintes de ses adversaires ni le regard du public.
Guère plus vieux aujourd'hui (21 ans), +LBB+ s'est pourtant fait un nom avec 17 essais en 18 sélections, et le visage encore juvénile caché sous son casque rouge n'est plus inconnu du grand public.
Titulaire pour chacun des matches du Tournoi cette année, il n'a pas raté une minute de jeu et affole les statistiques, avec sept essais en quatre rencontres, grâce à trois doublés contre les Gallois, les Anglais et les Irlandais.
Avec ses deux essais lors du triomphe français à Dublin (42-27), le natif de La Tronche (Isère) a établi un nouveau record pour un joueur français en une seule édition du Tournoi, une longueur devant Philippe Bernat-Salles.
Avec encore un match à jouer, il est tout proche d'égaler voire de dépoussiérer le record absolu de huit essais en un seul Tournoi, co-détenu par l'Anglais Cyril Lowe (1914) et l'Ecossais Ian Smith (1925).
- "Tout me réussit" -
En pleine confiance, l'ailier aux jambes de feu se permet même des gestes osés, comme à Dublin lorsqu'il a tenté une passe au pied risquée devant sa ligne pour son coéquipier Damian Penaud, sous la pression irlandaise.
"Il y a un peu tout qui me réussit" déclarait après le match Bielle-Biarrey. "Je pense que si elle part comme je veux la mettre on prend un essai". Au final, les Bleus se sont dégagés sans dégâts.
"On sait qu'il peut transformer une action positive en une action d'essai", se félicitait l'entraîneur des lignes arrières de Bleus, Patrick Arlettaz, avant ce match. "C'est une certitude, ça nous permet quand il y a un décalage de ne pas hésiter."
Auteur d'au moins un essai dans chacun de ses matches en Bleu depuis le début de la saison, +LBB+ parvient grâce à sa vitesse et à son jeu au pied millimétré à quasi systématiquement déborder son adversaire.
Quand ce ne sont pas ses partenaires qui le servent au pied, comme l'ouvreur ou arrière Thomas Ramos, certain que son ailier au casque rouge sera le premier pour aplatir.
"Honnêtement quand j'ai le ballon, mon premier réflexe c'est de regarder loin devant s'il y a quelqu'un", a expliqué Ramos pendant le Tournoi. "Sinon j'envoie le ballon et je sais que (Louis) est le joueur qui court le plus vite aujourd’hui sur le circuit international".
- Dur à l'effort -
En plus de sa vitesse exceptionnelle, Louis Bielle-Biarrey est capable "d'enchaîner les efforts à très très haute intensité", éclaire Arlettaz. "C'est un garçon qui peut faire, en vingt minutes, dix, douze sprints à vitesse maximale. Et ça, tout le monde n'en est pas capable."
Ses courses répétées font peser une menace constante sur l'en-but adverse, mais lui servent aussi à s'illustrer dans un domaine où on attend moins l'ailier au gabarit modeste (1m84, 79 kg): la défense.
Avec 24 plaquages, le joueur de l'UBB est l'ailier qui a le plus plaqué de tout le Tournoi.
Jamais avare de ses efforts, au point de parfois vomir sur la pelouse en raison de la fatigue et du stress, l'ailier soulage son équipe grâce à ses montées défensives supersoniques, comme contre l'Irlande. "Vous n'imaginez pas l'énergie que ça nous donne à nous (les avants)" le félicitait son troisième ligne Grégory Alldritt après le match.
Avec toutes ses qualités, difficile d'imaginer un plafond pour le jeune ailier. Alors que Penaud est aujourd'hui le meilleur marqueur des Bleus à égalité avec Serge Blanco (38 essais), "si Louis continue comme ça, il y a de fortes chances qu’il le batte" prévient Ramos.
R.Mehmood--DT