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Une attaque de feu mais une défense loin d'être de fer: le XV de France s'avance face aux Irlandais avec des interrogations sur sa capacité à préserver son en-but contre la puissance et les automatismes de leurs adversaires.
Il y a le premier aperçu des chiffres, assez flatteur: avec 50 points encaissés en trois matches, la France est la meilleure défense de l'édition 2025 du Tournoi des six nations, et les Bleus n'ont pris que sept essais, le plus faible total avec l'Irlande.
Mais le bilan est largement embelli par le 43-0 infligé à des Gallois plus que faiblards fin janvier en ouverture du Tournoi. Et face à l'Angleterre (défaite 26-25 à Twickenham), la France a notamment laissé le bonus offensif au XV de la rose, auteur de quatre essais cet après-midi-là.
Point fort des premières années du mandat de Fabien Galthié, en poste depuis 2020, la défense est désormais plus perméable: les Bleus avaient passé plus de deux ans sans jamais encaisser quatre essais dans un match; à Twickenham, ce fut la sixième fois depuis le précédent déplacement en Irlande, en 2023.
Mais il y aussi les impressions laissées par une défense loin d'être souveraine, à l'image de l'essai victorieux de l'Angleterre qui a transpercé en première main le rideau français ou des trois essais encaissés contre les Italiens, qui ont parfois bien facilement franchi la ligne.
"Il y a eu quelques erreurs individuelles qui, cumulées, ont ouvert des espaces aux Italiens. On n'a jamais douté de leur potentiel offensif et notamment de ce qu’ils sont capables de faire avec leur milieu de terrain et leur vitesse derrière. Ils ont réussi à trouver des espaces et à nous battre dans cette zone-là. Ça va donner des indications à nos futurs adversaires", disait le sélectionneur à chaud après la victoire 73-24 à Rome.
La tentation de chercher un coupable unique est grande, même dans un sport où le système est roi. Pierre-Louis Barassi, transpercé facilement et visiblement contre l'Italie ? Son compère au centre Yoram Moefana, qui s'est un peu trop facilement jeté sur les mêmes actions italiennes laissant Barassi esseulé contre des adversaires lancés ?
Face à l'Angleterre, était-ce Antoine Dupont, replacé en fin de match à l'ouverture, un poste qui n'est pas le sien et où il peut parfois manquer de réflexe comme lors du dernier essai anglais ? Ou les plaquages manqués de Matthieu Jalibert et Damian Penaud ?
- Automatismes -
La réponse tient sans doute au manque d'automatisme, notamment pour la paire de centres. Le Toulousain Pierre-Louis Barassi (sept sélections) et le Bordo-Béglais Yoram Moefana (34 sélections) ne jouent ensemble que depuis le début du Tournoi-2025. A comparer aux 80 sélections de Robbie Henshaw et aux 63 de Bundee Aki, régulièrement associés et qui pourraient encore l'être face à la France.
Les centres français ont en plus évolué à chaque fois avec un ouvreur différent: Ntamack contre le pays de Galles, Jalibert et Ramos ensuite, deux joueurs dont la défense sur l'homme n'est pas la qualité première.
"Moefana et Barassi, il y a eu deux grosses erreurs contre l'Angleterre, sur le dernier essai. On n'a pas su fermer à l'intérieur, mais Antoine Dupont jouait 10 à ce moment-là, c'est un problème de connexion", estime auprès de l'AFP l'ancien sélectionneur du XV de France Philippe Saint-André.
"Ils ont été transpercés contre l'Italie, mais c'est une philosophie. Si tu te dis qu'avec Moefana-Barassi tu vas marquer quatre essais, il faut être prêt à en prendre un ou deux", ajoute-t-il.
Galthié semble garder sa confiance à cette paire de centres. Malgré le retour de blessure de Gaël Fickou, éloigné des terrains six semaines à cause de son pouce, il devrait les maintenir contre l'Irlande. Et peut-être plus loin encore, puisque les 24 ans de Moefana et les 26 de Barrassi donnent plus de garanties que les 30 de Fickou en vue du Mondial-2027.
Et le retour de Romain Ntamack pourra les soulager. "Ce n'est pas qu'un gros plaqueur, Romain, c’est un très bon défenseur. Dans défenseur, il y a plaqueur et aussi la capacité à identifier les cibles, à ne pas se faire éliminer. Romain est très bon offensivement mais défensivement aussi", a décrit l'entraîneur adjoint Patrick Arlettaz en conférence de presse mardi.
K.Al-Zaabi--DT