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Si solidaire et infranchissable au Mondial-2018, l'équipe de France fait face ces derniers mois à une certaine instabilité défensive, souvent compensée par le talent de son attaque de folie mais néanmoins préoccupante après la défaite face au Danemark (2-1) vendredi, à six mois du Qatar.
Déséquilibrés, ces Bleus ? La faillite défensive face aux Danois, buteurs sur deux erreurs d'alignement des Tricolores au Stade de France, remet en tout cas le sujet sur la table du sélectionneur Didier Deschamps, de retour samedi avec son groupe après avoir quitté le rassemblement pour un deuil familial.
Car à Saint-Denis vendredi soir, le onze des Bleus était clairement tourné vers l'attaque, avec une défense à trois arrières centraux, certes, mais surtout des latéraux très offensifs, Theo Hernandez et Kingsley Coman, en soutien de l'immuable trio de buteurs composé d'Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Karim Benzema.
Le schéma avait plutôt bien fonctionné depuis l'élimination en huitièmes de finale de l'Euro en juin dernier, avec aucune défaite. Mais le faux pas de ce début du mois de juin, contre un adversaire également présent dans le groupe des Bleus à la Coupe du monde fin novembre, fait tache.
- "Maintenir l'équilibre" -
Theo Hernandez, si précieux jusque-là (quatre passes décisives et un but lors de ses cinq premières sélections), a livré pour la première fois une prestation médiocre avec les Bleus, en couvrant notamment le Danois Cornelius, à la limite du hors-jeu, sur les deux buts.
Quant à Coman, ses carences défensives n'ont pas été compensées, pour une fois, par son apport dans les trente derniers mètres: le Bavarois a réussi trop peu de dribbles.
"Kingsley a fait de très bonnes choses, même s'il n'a pas tout réussi. Notre défaite vient, à mon avis, de ne pas avoir suffisamment cadré les porteurs de balle", a balayé l'adjoint Guy Stéphan. "Dans notre système, c'est cet équilibre-là qu'il faut trouver, on l'a partiellement fait."
L'équilibre... La notion revient à chaque conférence de presse, ou presque.
"On ne peut pas uniquement se reposer sur nos talents offensifs, l'exemple parfait c'est la Russie (lors du Mondial-2018). Il faut maintenir l'équilibre dès que le niveau s'élève", avait d'ailleurs prévenu le capitaine Hugo Lloris avant la rencontre, convoquant le souvenir de Moscou, où les Bleus ont avant tout été perçus comme une équipe solide avant d'être flamboyante.
Après le match perdu face aux Danois, le gardien est même apparu assez dépité devant les journalistes. "On sent que l'équipe est encore perfectible et je crois que c'est logique", a-t-il lancé, pensif.
"Il me semble qu'on doit être capable d'élever le niveau en termes d’intensité, d'agressivité. C'est très loin d'être parfait, il nous reste encore six mois avant de trouver la formule idéale", a repris le portier de Tottenham. Lloris a avoué qu'il aurait préféré voir les Bleus se contenter d'un match nul, plutôt que partir à l'abordage pour décrocher la victoire.
- Pépins physiques -
L'inquiétude est légitime, car malgré leur série d'invincibilité de neuf rencontres après l'Euro, les Français sont déjà passés tout près de la correctionnelle: à l'automne en Ligue des nations, ils n'ont réagi qu'après l'heure de jeu pour renverser la Belgique et l'Espagne, qui menaient respectivement 2-0 et 1-0 face à des champions du monde uniquement sauvés par des exploits de leurs attaquants.
Si Mbappé, touché au genou gauche, venait à manquer le déplacement en Croatie lundi à Split, la flamme offensive devra venir d'ailleurs.
En défense, il faudra probablement faire sans Raphaël Varane, blessé à une cuisse.
Or le joueur de Manchester United, même diminué, semble être le seul leader d'une arrière-garde inexpérimentée, de Jules Koundé (23 ans), mal à l'aise vendredi, à Lucas Hernandez (26 ans), beaucoup plus habitué à évoluer comme latéral en Bleu, en passant par William Saliba, qui fêtait seulement, à 21 ans, sa 3e sélection...
G.Rehman--DT