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Le match était tendu, Rafael Nadal était poussé dans ses retranchements par Alexander Zverev, jusqu'au drame après plus de trois heures de jeu: cheville tordue, l'Allemand a été évacué du court en fauteuil roulant, permettant à l'Espagnol de se qualifier vendredi pour sa 14e finale de Roland-Garros.
"Bien sûr, être en finale une fois de plus est un rêve mais en même temps, que ça se termine comme ça, le voir pleurer dans les vestiaires, c'est un moment très difficile", a commenté Nadal qui affrontera dimanche le Norvégien Casper Ruud (8e mondial) pour tenter de décrocher un 14e titre sur la terre battue parisienne.
Après des matchs d'anthologie enchaînés contre Felix Auger-Aliassime et Novak Djokovic aux tours précédents, celui face à Zverev était du même acabit puisque les deux hommes avaient dépassé les trois heures de jeu avant même d'avoir terminé le deuxième set.
Mais sur une reprise d'appui après avoir frappé un coup droit en bout de course, Zverev s'est violemment tordu la cheville droite. Il s'est écroulé, s'est roulé dans la terre battue en criant et après quelques minutes, le visage crispé par la souffrance, il a été évacué dans un fauteuil roulant. Il est revenu sur le court en s'appuyant sur des béquilles, pour officialiser son abandon. Le score était de 7-6 (10/8), 6-6 en faveur de Nadal.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux peu après minuit samedi, le joueur évoque une "blessure très sérieuse" mais sans communiquer de diagnostic précis.
"Ca a l'air d'être une blessure très sérieuse mais les médecins sont encore en train de l'analyser", déclare le N.3 mondial, visage marqué, en guise de première prise de parole depuis son abandon.
"Moment très difficile sur le court aujourd'hui (vendredi), match fantastique jusqu'à ce qu'il se passe ce qu'il s'est passé (...) Ce n'est pas un moment facile pour moi", poursuit Zverev.
"C'est très dur, je suis très triste pour lui. Il faisait un tournoi incroyable, je sais combien il se bat pour gagner un tournoi du Grand Chelem, mais pour le moment, il a été malchanceux. Je suis sûr qu'il va en gagner, et pas qu'un", a affirmé le Majorquin qui n'est plus qu'à une victoire d'un phénoménal 14e titre à Roland-Garros, ce qui serait son 22e titre du Grand Chelem (et un record étendu à deux longueurs d'avance sur Roger Federer et Novak Djokovic).
- Dernier obstacle -
L'ultime obstacle, Ruud qui jouera sa première finale de Grand Chelem après avoir dominé le Croate Marin Cilic (23e) 3-6, 6-4, 6-2, 6-2 en demies, sera quoi qu'il arrive, sur le papier, un écueil moins effrayant que les trois derniers effacés par l'Espagnol.
D'autant que ce dernier, qui n'a perdu que trois matchs dans son tournoi fétiche pour 111 victoires, n'y a jamais été battu en finale.
Reste l'épée de Damoclès qui peut ruiner à n'importe quel moment les espoirs du tenant du record en Grand Chelem (21): cette satanée douleur au pied gauche qui peut se réveiller à tout moment.
Lui a assuré que le pied tiendrait pour la durée de son 18e Roland-Garros car son médecin est auprès de lui, et lui fait ce qu'il faut pour maintenir la douleur en sommeil.
Quoi qu'il en soit, il jouera sa 30e finale majeure, à une longueur de ses grands rivaux Djokovic et Federer mais avec une plus grande réussite (72% contre 64%).
- Anniversaire -
Il devient ainsi le deuxième plus vieux finaliste après Bill Tilden (37 ans en 1930) depuis l'édition initiale des Internationaux de France en 1925 et pourrait devenir le plus vieux vainqueur dimanche.
Face à Zverev, le jour de ses 36 ans, Nadal a reçu le même accueil que celui qu'il avait lui-même réservé à son grand rival Djokovic en quarts: l'Allemand s'est montré immédiatement très agressif et, en entrant dans le court, a pris Nadal à la gorge sans lui laisser le temps d'installer son jeu.
"Ca faisait longtemps que je n'avais pas joué ici dans des conditions aussi lentes à cause de l'humidité et en plus toit fermé. Du coup, la balle était très grosse, lourde, et il était difficile de lui donner de l'effet. C'est pour ça que je ne parvenais pas à le gêner autant que je voulais (...) à le repousser", a expliqué l'Espagnol. Avant d'insister sur le "début de match incroyable" de son adversaire.
Pourtant, après 1h31 de bras de fer et quatre balles de set sauvées, c'est bien lui qui a remporté le premier set. "Un miracle", a-t-il estimé.
Malgré la perte de cette manche, Zverev a maintenu sa tactique, saisissant la moindre balle courte de Nadal pour attaquer et entrer dans le court.
Après s'être échangé les mises en jeu à quatre reprises, les deux joueurs en sont arrivés au douzième jeu. Et sur l'ultime balle, la frappe de Zverev est sortie dans le couloir donnant le jeu à Nadal, tandis que l'Allemand s'effondrait.
Dimanche, il aura un admirateur de l'autre côté du filet. "C'est extraordinaire. C'est le dernier membre du +Big 3+ que je n'ai pas encore affronté, ça valait le coup d'attendre, en finale de Grand Chelem, c'est le parfait timing, ce sera un moment particulier pour moi", a affirmé Ruud, 23 ans.
G.Rehman--DT