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"Rafa" peut-il le refaire? Nadal redescend dans l'arène vendredi pour ce qui pourrait être l'un de ses derniers défis: braver le N.3 mondial Alexander Zverev en demi-finale de Roland-Garros, où il vise un 14e trophée et un 22e Grand Chelem.
Il est tentant de présenter comme une finale avant l'heure le choc entre Nadal, tombeur du N.1 mondial Novak Djokovic en quarts, et Zverev, bourreau du phénomène Carlos Alcaraz. Les treize fois où le roi de Roland s'est présenté en finale, il l'a remportée.
A la différence du revenant Marin Cilic (23e) ou du Norvégien Casper Ruud (8e), opposés dans l'autre demi-finale et pour la première fois au rendez-vous du dernier carré Porte d'Auteuil, le champion olympique Zverev y a déjà goûté. L'an passé, quand il a été stoppé par Stefanos Tsitsipas quelques semaines après avoir fait mordre la poussière à Nadal sur l'ocre de Madrid.
Le brutal serveur allemand – flashé en moyenne à 202km/h au premier service face à Alcaraz — paraît le plus grand obstacle, au-delà de son 1,98 mètre, sur la voie du Majorquin.
- Le jour de ses 36 ans -
Six jours après avoir assisté au nord de Paris à la "decimocuarta" (la 14e, en espagnol) en Ligue des champions de son club bien-aimé, le Real Madrid, l'Espagnol dispute le jour de ses 36 ans sa quinzième demi-finale dans la capitale française (il n'en a perdu qu'une, l'an dernier contre Djokovic).
au déclin même les plus grands. Nadal lutte contre un poison lent: l'ostéonécrose de l'os scaphoïde qui ronge son pied gauche.
Le gaucher aux traits tirés et aux cheveux raréfiés, lui faisant porter davantage que ses 36 ans, ne se bat pas seulement contre le temps condamnant
"Je fais tout ce que je peux pour essayer de jouer ce tournoi dans les meilleures conditions possibles. Je ne sais pas ce qui peut arriver après, honnêtement, mais ici, je pense que ça va aller", assurait l'enfant de Manacor à l'issue de sa victoire sur le N.1 mondial dans la nuit de mardi à mercredi.
Après avoir ferraillé près de quatre heures et demie contre Félix Auger-Aliassime (9e), Nadal a trouvé les ressources pour batailler encore plus de quatre heures face à "Djoko". Avec cette fois deux jours complets de repos entre son quart et sa demie, Nadal va-t-il pouvoir encore repousser l'échéance pour la plus grande joie d'un court central déjà totalement acquis au Majorquin mardi?
- "Un test difficile pour Rafa" -
"Ce sera un défi physique mais aussi mental", prédit l'ex-N.4 mondial Tim Henman, consultant pour Eurosport. "Normalement, quand Rafa bat Djokovic dans un tournoi du Grand Chelem, c'est en finale et il remporte le trophée mais cette fois c'étaient des quarts. Il a deux jours pour récupérer mais ça va être un test difficile pour Rafa."
Pas homme à se résoudre à la fatalité, il s'est fait transpirer jeudi sans gêne apparente. L'Espagnol n'avait pas choisi le lieu le plus discret pour frapper la balle: le court 26 du complexe Jean Bouin, visible depuis l'avenue de la Porte Molitor, comme s'il n'avait rien à cacher. Sous les yeux d'une vingtaine de badauds et journalistes, +Rafa+ a fait gicler quelques coups droits liftés fulgurants en fond de court, sa signature.
Dans l'autre demi-finale, le discret N.8 mondial Casper Ruud fait face un Cilic, ex-N.3, de retour au sommet de son art. Le Croate de 33 ans a empilé un nombre démesurés d'aces (33) et de coups gagnants pour venir à bout d'Andrey Rublev (7e) au super tie break.
Pour autant, le lauréat de l'US Open 2014 s'attend à un "match extrêmement difficile" contre Ruud, victorieux du tempétueux Holger Rune, 19 ans, en quarts. "C'est l'un des meilleurs gars du circuit, surtout sur terre battue", décrit Cilic à propos du Norvégien. "Il a fait 12 mois incroyables sur terre, il a remporté tellement de titres (six ATP 250, ndlr)."
Aujourd'hui retombé au 23e rang mondial, Cilic peut en cas de succès vendredi devenir le cinquième joueur en activité, derrière le Big 4 (Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray), à atteindre la finale des quatre tournois du Grand Chelem.
F.El-Yamahy--DT