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La Fédération néo-zélandaise de rugby (NZR) a approuvé jeudi un accord de 200 millions de dollars néo-zélandais (122 millions d'euros) avec le fonds d'investissement californien Silver Lake, mettant fin à une bataille de deux ans pour les droits commerciaux des célèbres All Blacks.
Le vote à 89 voix contre une, qui donne à Silver Lake une participation substantielle dans les droits commerciaux de NZR, a été décrit par le directeur de NZR Stewart Mitchell comme un "moment monumental dans l'histoire du rugby en Nouvelle-Zélande".
"Il nous a fallu du temps pour en arriver là et c'est parce que nos membres se soucient profondément de notre jeu, de nos communautés et de notre peuple" a-t-il ajouté.
L'accord prévoit la création d'une société commerciale, détenue en majorité par la fédération, mais dans laquelle la société américaine investirait 200 millions de dollars néo-zélandais pour une participation de 5,8%.
Un investissement supplémentaire de 100 millions de dollars néo-zélandais sera ensuite proposé aux investisseurs institutionnels basés en Nouvelle-Zélande et la participation de Silver Lake pourrait passer à 8,58% en fonction de la prise de participation.
- "Respect des valeurs et traditions" -
Jusqu'au vote, des réunions à huis clos ont eu lieu, les 26 syndicats provinciaux de Nouvelle-Zélande cherchant à s'assurer qu'ils ne seraient pas mis sur la touche et qu'il y aurait des retombées financières pour le rugby néo-zélandais à tous les niveaux.
"Les technologies numériques transforment le sport et les médias, offrant de nombreuses opportunités au rugby, et nous sommes prêts à aider à les saisir tout en respectant les valeurs et les traditions du jeu en Nouvelle-Zélande", a assuré le directeur général de Silver Lake, Stephen Evans.
Le rugby est plus qu'un simple sport en Nouvelle-Zélande: il est considéré comme une partie intégrante du tissu social, et l'équipe nationale masculine, les All Blacks, comme des héros nationaux.
Avec un taux de réussite d'essais de 77% et vainqueurs de trois des neuf Coupes du monde, ils forment l'une des équipes les plus performantes du sport mondial. Mais ils n'ont pas tiré parti de leur potentiel commercial comme l'ont fait d'autres grandes marques de sport dans la Formule 1 ou encore le football européen.
Pour Mark Robinson, directeur général de NZR, cet accord permettrait de faire encore plus connaître les All Blacks, "mais ce n'est en aucun cas une solution miracle. Nous savons qu'il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir et Silver Lake à la même vision des choses".
Stewart Mitchell espère de son côté récolter les fruits de ce partenariat "dans les quatre à cinq prochaines années".
En échange de son expertise pour mieux valoriser à l'international le rugby néo-zélandais et la marque All Blacks, Silver Lake pourrait mettre la main sur les énormes droits commerciaux valorisés actuellement de 3,5 milliards de dollars néo-zélandais (2 milliards d'euros).
L'objectif pour NZR est de pouvoir investir de l'argent dans le rugby féminin et le rugby régional, tout en créant un fonds permettant d'assurer durablement la stabilité financière d'une fédération souvent déficitaire ces dernières années. NZR a notamment subi 20 millions d'euros de pertes en 2020 à cause de la pandémie.
Mark Robinson estime que si l'argent afflue dans le cadre de l'accord avec Silver Lake, cela pourrait permettre de mettre en place une nouvelle structure salariale et empêcher le départ de certains de ses meilleurs joueurs vers l'Europe ou le Japon.
Silver Lake n'en est en tout cas pas à son coup d'essai dans le domaine du sport.
En 2016, elle faisait partie du groupe d'investisseurs qui a acheté l'UFC, le principal organisateur de combats de MMA (arts martiaux mixtes), et a acquis trois ans plus tard un peu plus de 10% de City Football Group, propriétaire du club de football anglais de Manchester City pour 500 millions de dollars.
Y.Sharma--DT