![Cyclisme: l'ombre du conflit en RDC plane sur les Mondiaux au Rwanda](https://www.dubaitelegraph.ae/media/shared/articles/47/a4/b3/Cyclisme--l-ombre-du-conflit-en-RDC-412171.jpg)
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Les premiers Championnats du monde de cyclisme sur le continent africain auront-ils lieu comme prévu en septembre au Rwanda? UCI et gouvernement rwandais assurent que oui mais certains acteurs s'interrogent sur les répercussions de l'escalade du conflit en République démocratique du Congo (RDC).
Le 31 janvier, l'Union cycliste internationale (UCI) indiquait qu'aucun déplacement des Mondiaux "vers la Suisse ou tout autre lieu" n'était prévu "à ce jour".
Elle disait alors réagir à la "propagation de rumeurs", notamment dans la presse belge, sur un possible plan B pour ces Championnats du monde en raison de la situation dans l'est de la RDC, où le groupe armé M23 mène une offensive avec l'armée rwandaise.
Cette position de l'UCI est toujours d'actualité, a indiqué l'instance cette semaine à l'AFP, en précisant que son président, le Français David Lappartient, devait se rendre sur place "à la fin du mois à l'occasion du Tour du Rwanda et pour divers événements, dont l'inauguration du satellite du centre mondial du cyclisme UCI".
Même son de cloche auprès des autorités rwandaises qui ont fait du sport un vecteur de promotion, trente ans après le génocide qui a fait 800.000 morts selon l'ONU.
"Le Rwanda est une destination sûre pour les cyclistes et les visiteurs. Les préparatifs pour les Championnats du monde continuent", a indiqué la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, à l'AFP.
- Soudal Quick-Step se retire du Tour du Rwanda -
Mais, au sein de plusieurs fédérations, on ne cache pas une inquiétude, selon plusieurs responsables sondés, même si l'échéance, en septembre, est encore assez lointaine.
Répétition générale grandeur nature, le Tour du Rwanda doit lui s'élancer très prochainement, le 23 février, pour sept étapes qui vont s'approcher parfois très près de la frontière avec la RDC. Trop près pour l'équipe belge Soudal Quick-Step qui a décidé de se retirer de la course.
"L'arrivée et le départ dans la zone à risque, où se trouvait aussi notre hôtel, nous a inquiétés", a expliqué le patron de l'équipe, Jurgen Foré, au média belge Sporza, en évoquant l'arrivée de la 3e étape et le départ de la 4e à Rubavu, à 15 km seulement de Goma, la principale ville de l'est congolais tombée fin janvier entre les mains du M23.
"L'encadrement était préoccupé. En fin de compte, nous avons décidé de ne pas envoyer 20 personnes dans un endroit où leur sécurité ne peut pas être garantie à 100%", a-t-il ajouté, précisant avoir demandé, en vain, une modification du parcours.
Dans un communiqué daté du 5 février, les organisateurs ont de fait indiqué que le Tour du Rwanda allait se dérouler "sans changement de programme" et qu'il passerait bien par Rubavu où "la vie continue normalement". "Coureurs, équipes et supporters peuvent être certains que leur sécurité sera assurée", ont-ils insisté.
Contrairement à Soudal Quick-Step, Les formations Israel PT, Picnic et TotalEnergies ont indiqué à l'AFP qu'elles participeraient. "On suit l'avis des organisateurs et de l'UCI", a indiqué l'équipe néerlandaise Picnic.
- Sélections réduites -
"J'ai confiance sur la solidité de l'armée rwandaise. Aujourd'hui, ils parlent plutôt d'envahir les autres que d'être en danger dans le pays. Je n'ai pas de raison d'être inquiet", a de son côté déclaré à l'AFP le patron de l'équipe TotalEnergies, Jean-René Bernaudeau.
Au-delà de la sécurité, la tenue des Mondiaux au Rwanda soulève aussi des questions d'ordre budgétaire. Le Danemark et les Pays-Bas ont d'ores et déjà décidé de n'envoyer qu'une sélection réduite, sans les jeunes, à cause du coût élevé des vols et de l'hébergement.
D'autres fédérations s'interrogent aussi sur les conditions sanitaires et climatiques.
"Kigali, ce n'est pas la grande chaleur. On est à 1.600 m d'altitude. Si on boit l'eau en bouteille, si on mange à l'hôtel, il y a zéro risque. Je ne comprends même pas qu'on puisse juger sans y aller. Le Rwanda est un pays qui est tenu d'une main certainement ferme, mais c'est un pays qui est tenu", a estimé Jean-René Bernaudeau, qui s'apprête à se rendre sur place pour la cinquième fois.
Il y voit "peut-être de la jalousie par rapport à un pays qui a envie de prendre un virage et de communiquer avec le sport", sachant que le gouvernement du président Paul Kagame est régulièrement accusé de violations des droits humains et de régner dans un climat de peur.
H.Sasidharan--DT