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"Ils disaient qu'on ne peut pas jouer ensemble..." Jayson Tatum et Jaylen Brown en rient encore et les voilà face à leur destin: prouver qu'ils sont les dignes descendants d'une longue lignée de champions avec Boston, dès jeudi en finale contre Golden State.
"Ils ne peuvent pas coexister". L'ancien pivot Kendrick Perkins, qui fut de l'équipe du 17e et dernier sacre en date des Celtics en 2008, s'était montré catégorique le 7 janvier, au lendemain du fiasco de l'équipe du Massachusetts à New York, battue après avoir compté 25 points d'avance face aux Knicks.
Il n'était alors pas le seul à plaider pour le départ d'une des deux jeunes stars, afin de relancer la machine verte alors engoncée à la 11e place à l'Est. Mais Brad Stevens, président des opérations basket qui a laissé cette saison son fauteuil de coach à Ime Udoka, connaissait suffisamment les deux joueurs, qu'il a longtemps entraînés, pour ne pas céder.
"Ils sont de loin le cadet de mes soucis", déclarait-il alors, tout en oeuvrant au recrutement, judicieux, de Derrick White (Spurs) en échange de Dennis Schroder. Et presque six mois plus tard, son management lui donne raison.
Dire néanmoins qu'il n'y pas eu de problème récurrent dans la cohabitation entre Brown (25 ans) et Tatum (24 ans), talents volontiers solistes depuis cinq saisons qu'ils jouent ensemble, serait faux.
- "Nous nous sommes rapprochés" -
Le meneur Marcus Smart, troisième homme fort des C's, s'en est d'ailleurs plaint au plus fort de la crise: "toutes les équipes savent qu’on va essayer de passer par Jayson et Jaylen en attaque, elles ont donc étudié les façons de les stopper. Or ces deux-là ne veulent pas passer le ballon. C'est quelque chose qu'ils vont devoir apprendre".
Le remise en question a porté ses fruits, puisque en presque six mois, Boston a transformé son basket et presque tout renversé sur son passage pour finir 2e à l'Est.
"Tout ceci nous a aidés, nous a poussés à trouver une solution et à ne pas fuir nos responsabilités. Il fallait que nous ayons confiance l'un en l'autre et que nous nous améliorions. Au lieu de nous séparer, nous nous sommes rapprochés", a résumé Tatum dimanche, après avoir éliminé Miami.
Ce septième match décisif chez le Heat a symbolisé l'élan collectif des Celtics, puisque les "Jay-Jay" ont marqué 24 points chacun et Smart, qui réclamait des passes, en a eu, ajoutant 20 "pions". A eux trois, ils ont concentré 75% du scoring de l'équipe, pour enfin atteindre la dernière marche du championnat, après deux échecs en finale de conférence Est, en 2018 contre Cleveland, et en 2020 face à Miami.
- "Pourquoi attendre ?" -
"Ces revers nous ont aidés à progresser. On a appris, et une fois qu'on s'est retrouvé dans cette même situation, on a su répondre de manière différente", a expliqué Tatum, ailier au shoot suave, qui portait sur son avant-bras, un brassard floqué du numéro 24 de Kobe Bryant, son idole, dont il voulait s'inspirer pour ce match N.7 décisif.
Un Celtic fan d'un ancien Laker? Sacrilège, tant la rivalité est immense entre les deux clubs ennemis! Sauf si c'est pour une cause aussi bonne que rapporter un 18e titre record de champion et reprendre les devants sur Los Angeles, qui avait rejoint Boston au sommet du palmarès avec un 17e sacre en 2020.
Ensemble, les "Jay-Jay" peuvent écrire leur propre histoire en lettres vertes, comme le firent avant eux d'illustres anciens, les Bob Cousy, Bill Russell, John Havlicek, Larry Bird, Kevin McHale et autres Paul Pierce...
Aucune de ces légendes n'est parvenue au sommet seule et tout n'a pas été rose dans leurs parcours. Cousy a regretté bien des années après "n'avoir pas fait plus" pour soutenir Russell dans sa lutte contre le racisme, Bird et McHale étaient eux bien loin d'avoir des atomes crochus, mais tous oeuvraient pour le même but ultime sur le parquet.
"Pourquoi attendre ? Le talent est là, l'éthique de travail est là, il y a une chance pour chacun d'être un meilleur leader. Allez-y, saisissez-là", leur disait indirectement Udoka, lors de sa prise de fonction l'été dernier.
I.Menon--DT