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Le départ de l'entraîneur du Racing 92 Stuart Lancaster en milieu de saison vient à nouveau secouer le club francilien, loin de ses objectifs, dans le flou sur son projet sportif et en quête de rebond avec Patrice Collazo nommé aux commandes.
Confirmé à son poste en décembre malgré un début médiocre, l'Anglais Lancaster, 55 ans, ne finira pas sa deuxième saison en Ile-de-France, plombé par l'élimination dès la phase de poules de la Champions Cup - une première depuis 2017 - et une dernière défaite à domicile contre Castres (27-20) qui place le club à la 12e place du championnat.
L'ancien sélectionneur du XV de la Rose est remplacé par Collazo, ex-entraîneur notamment de la Rochelle (2011-2018) et Toulon (2018-2021). L'ancien pilier de 50 ans était sans club depuis la fin de saison dernière, lors de laquelle il avait réussi sa mission sauvetage à Montpellier, sans toutefois être conservé par le club héraultais.
Le Racing 92 est un terrain connu pour Collazo qui y a terminé sa carrière de joueur en 2009, avant d'y débuter sa carrière d'entraîneur en prenant en main l'équipe Espoirs.
Le défi s'annonce ardu pour le double champion d'Europe (comme joueur avec Toulouse) dans un club où la greffe Lancaster, arrivé à l'été 2023, n'a pas pas pris. Qualifié de justesse pour la phase finale la saison dernière (6e), le Racing 92 est en chute libre et sa direction en pleine mutation.
En décembre déjà, le club a annoncé le départ de son président du directoire et ex-coach Laurent Travers, successeur pressenti du propriétaire du club Jacky Lorenzetti, après plus de dix saisons passées dans les Hauts-de-Seine.
Lancaster n'a lui réussi que trop rarement à mettre en place son jeu. Sélectionneur de l'Angleterre entre 2011 et 2015, champion d'Europe avec le Leinster en 2018, il était arrivé avec une mission: ramener le Racing 92 au niveau des ambitions de son propriétaire.
- Un bilan pas à la hauteur -
Marqué par ses trois finales européennes perdues (2016, 2018 et 2020), le club des Hauts-de-Seine n'a plus remporté de titre depuis celui de 2016 en Top 14, malgré des recrutements clinquants (l'Ecossais Finn Russell, le capitaine des Springboks Siya Kolisi, l'Anglais Owen Farrell...).
Le bilan est sévère: éliminé sèchement en demi-finales par Toulouse en 2023 puis en barrage en 2024 par Bordeaux-Bègles, le Racing 92 n'a pas dépassé les 8es de finale en Champions Cup sous Lancaster, et semble avoir pris du retard sur la concurrence. Le club risque de connaître sa première saison sans parvenir à la phase finale du Top 14, une première depuis son retour dans l'élite en 2009.
Arrivé seul, Lancaster a semblé ne pas trouver sa place dans le club francilien, coincé entre des adjoints déjà installés comme Dimitri Szarzewski, et Laurent Travers, qui a toujours voulu se rapprocher des terrains.
La gestion de l'effectif interroge également: le départ de la superstar sud-africaine Kolisi, reparti l'été dernier un an à peine après son arrivée, était un aveu d'échec retentissant.
Le futur transfert de Nolann le Garrec à la Rochelle en est un autre: le jeune demi de mêlée (22 ans), qui a fait toutes ses classes au Racing 92, est un cadre d'une équipe "en manque de leadership" de l'aveu de Frédéric Michalak, un des entraîneurs adjoints.
Toujours serein en apparence, l'Anglais de 55 ans a martelé sa confiance dans son groupe, sa méthode et ses joueurs malgré un jeu loin des attentes.
Les nombreuses délocalisations du club n'ont pas aidé à se construire une identité. Contraint d'abandonner sa pelouse ultra rapide de la Défense Arena en raison des divers événements culturels ou sportif s'y tenant, le Racing a cette saison joué cinq fois sur le lourd terrain de Créteil, loin de ses bases.
En janvier, le club s'était aussi séparé de son talonneur historique, Camille Chat, arrivé ivre à un entraînement en décembre.
Privé pour plusieurs semaines de joueurs cadres, partis en sélection (Le Garrec, Rowlands) ou blessés (Fickou), le Racing jouera gros lors de la prochaine journée mi-février, où il reçoit la lanterne rouge Vannes.
H.Yousef--DT