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Saint-Etienne replonge: battue dimanche par Auxerre en barrages aux tirs au but (5-4), l'ASSE est reléguée en Ligue 2, 18 ans après sa remontée dans l'élite, épilogue d'une saison cauchemardesque qui risque d'avoir de lourdes conséquences pour ce club historique du football français, en grande difficulté financière.
Derniers à la trêve avec douze points, les Verts en ont pris vingt avec l'entraîneur Pascal Dupraz qui a succédé à Claude Puel, limogé le 5 décembre après une déroute à domicile contre Rennes (5-0), mais ce sursaut, et la place de barragiste arrachée à la dernière journée, n'ont pas suffi.
Et après un nul frustrant à Auxerre jeudi (1-1), le barrage retour dimanche au stade Geoffroy-Guichard est allé jusqu'à la séance des tirs au but, les deux équipes s'étant de nouveau neutralisées sur le même score au terme du temps règlementaire et de la prolongation. La séance des tirs au but, remportée 5-4 par les Bourguignons, a condamné les Verts à retrouver la L2 qu'ils avaient quittée avec soulagement en 2004.
De retour à l'étage inférieur, l'ASSE devra repenser son modèle économique et social tout en gérant un contexte de défiance entretenu par les supporters ultras dont l'indiscipline a plusieurs fois été sanctionnée de matches à huis clos, total ou partiel.
L'envahissement de la pelouse dimanche soir après le dernier tir réussi des Auxerrois, et des tirs de fumigènes à l'horizontal vers les bancs de touche, tandis que les acteurs du match se précipitaient vers les vestiaires, ont illustré une fois de plus les tensions entre le club et une partie de ses supporters.
- Vague de licenciements -
Avec un budget de 70 millions d'euros environ cette saison, Saint-Etienne en Ligue 2, c'est un mastodonte qui descend, et avec lui 360 salariés, dont une immense majorité en CDI à temps plein ou partiel. Soit un train de vie à réduire au moins de moitié: 100 à 150 licenciements sont attendus sur le personnel non sportif.
Sportivement, une vingtaine de joueurs (en comptant la réserve) sont libres au 30 juin et parmi eux les plus gros salaires. Les contrats rediscutés ces derniers mois incluent une clause de relégation qui entraîne une réduction salariale de 50%.
Mais il faudra rebâtir une équipe de Ligue 2 en remplaçant les partants et en recrutant un nouvel entraîneur, avec le départ attendu de Pascal Dupraz, qui a échoué dans sa mission sauvetage.
Si les charges, salariales notamment, seront en baisse, les recettes le seront également et à hauteur de 50 à 60%: moins de droits TV, de spectateurs, de merchandising, de recettes hospitalités, etc.
Et l'aide financière à la relégation n'amortira que partiellement le choc, tout comme l'argent attendu de CVC, nouvel actionnaire de la filiale commerciale du football français, avec une manne inférieure à celle que le club aurait touchée s'il s'était maintenu (16,5 M EUR pour une équipe qui descend, contre 33 M EUR en L1).
Déjà en situation financière précaire, l'ASSE se fragilise encore un peu plus.
- Chaos -
Un chaos dont les deux actionnaires, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, sont largement responsables. Mais ils ne semblent pourtant pas pressés de céder leurs parts malgré la mise en vente annoncée du club en 2018 puis de nouveau en 2021.
Récemment, un milliardaire américain, David Blitzer, se serait mis sur les rang pour racheter le club, alors que tous les candidats qui se sont présentés jusqu'à présent ont été rejetés, même les plus sérieux.
A la tête du club depuis 2004, année de la remontée en élite (2003 pour Caïazzo domicilié désormais à Dubaï et qui n'est pas venu à Saint-Etienne depuis deux ans), les deux hommes, associés contre-nature, n'ont jamais posé les bases d'une structure stable.
Depuis dix-huit ans, six directeurs généraux et onze entraîneurs se sont succédé, en dépit d'une Coupe de la Ligue remportée en 2013 et de quatre participations à la Ligue Europa (2014, 2015, 2016, 2017).
La réalité est sans doute que Saint-Etienne aurait pu redescendre en Ligue 2 bien avant cette saison.
Le club s'était sauvé de justesse en 2009 et 2010 (17e) mais aussi en mars 2020: 17e à l'arrêt du championnat en raison de la pandémie de Covid à dix journées de la fin.
Et les perspectives à l'étage inférieur s'annoncent d'autant plus compliquées qu'il n'y aura que deux montées de L2 vers la L1 la saison prochaine, pour réduire le contingent de l'élite à 18 clubs.
H.Yousef--DT