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En proie depuis le début de saison de Formule 1 à des problèmes techniques et de performance, Mercedes compte sur le Grand Prix d'Espagne à Barcelone ce week-end pour enfin dompter son concept unique de monoplace... ou le changer.
Qu'il semble loin le temps où Mercedes dominait outrageusement la F1. Meilleure écurie depuis 2014 et l'instauration des moteurs hybrides, la marque à l'étoile pointe actuellement à la troisième place après cinq courses. De quoi inquiéter son patron Toto Wolff: "Pour le moment, c'est un peu terne. Nous sommes troisièmes, en quelque sorte dans un no man's land".
Certes loin devant McLaren, 4e écurie (45 points), Mercedes (95) semble impuissante face aux Ferrari (157) et Red Bull (151), qui ont su prendre le tournant de la nouvelle régulation technique en vigueur. C'est de loin son pire début de saison depuis 2014 - l'ancien moins bon total après cinq GP était de 148 points et une 2e place en 2021, à un seul point de Red Bull.
Septuple champion du monde, Lewis Hamilton se retrouve ainsi à patauger à la 6e place, son pire début de saison avec l'écurie allemande. Son nouvel équipier George Russell s'en tire un peu mieux à la 4e place.
En cause, le concept même de la Mercedes qui, face au nouveau règlement 2022, a proposé une voiture aux pontons réduits quasiment totalement. Une solution aérodynamique diamétralement opposée, par exemple, à celle de Ferrari, et qui ne porte pas ses fruits.
Pourtant, "il est clair qu'il y a du potentiel dans la voiture et qu'elle est rapide", a souligné Toto Wolff après le Grand Prix de Miami. "Mais nous ne comprenons tout simplement pas comment débloquer ce potentiel."
En Floride, Mercedes avait commencé le week-end en étant compétitif en essais le vendredi, avant de sombrer en qualifications (6e et 12e) et de limiter la casse en course (5e et 6e).
- "Avons-nous eu tort ou non ?" -
"Il n'y a tout simplement aucune corrélation entre ce que nous voyons sur nos écrans et les sensations des pilotes, et cela rend les choses encore plus difficiles", a expliqué Wolff.
La Mercedes W13 serait ainsi, en simulateur, beaucoup plus performante qu'elle ne l'est réellement. La faute notamment à un phénomène revenu cette année: le marsouinage, qui fait rebondir les monoplaces dans les lignes droites.
Toutes les écuries ont connu ce problème avec le retour à l'effet de sol, qui crée une succion aspirant le châssis par en dessous, mais la plupart semblent l'avoir réglé. Pas Mercedes.
"Il est important de différencier deux choses: d'un côté le programme normal des améliorations et de l'autre la résolution des problèmes que nous rencontrons avec les rebonds et d'autres choses qui compromettent les performances", souligne Mike Elliott, directeur technique des Flèches d'argent, sur la chaîne Youtube de l'écurie.
"Les ailerons que nous avons apportés (à Miami) nous ont vraiment apporté les performances que nous attendions et ont constitué un pas en avant", continue-t-il, tout en restant sans réponse face au marsouinage: "Pour essayer de comprendre le rebond, nous avons recueilli beaucoup de données (...) et comme toujours, les ingénieurs sont en train d'étudier ces données pour mieux comprendre."
Reste une alternative radicale: changer de concept. Pour aider dans ce choix, Barcelone sera une piste décisive. Lors des essais de pré-saison en février en Catalogne, Mercedes n'avait pas utilisé le concept sans pontons, mais une configuration plus "classique".
"Barcelone va certainement être un moment où nous pourrons établir une comparaison avec ce que nous avons vu en février" et la situation actuelle, explique le PDG autrichien.
Pour le moment, Mercedes et son patron sont "fidèles au concept actuel": Wolff laisse "le bénéfice du doute" à ses équipes de l'usine de Brackley en Angleterre, à la base "d'excellentes voitures" qui ont garni les armoires à trophées ces dernières années.
Mais après Barcelone, "nous nous regarderons dans le miroir et nous nous dirons: avons-nous eu tort ou non ?". Suspense, et réponse dimanche.
G.Gopalakrishnan--DT