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A l’approche du départ du 10e Vendée Globe, le bizuth Guirec Soudée (Freelance.com) revient sur ses derniers jours à terre aux Sables-d'Olonne et évoque ses "fourmis dans les jambes" à l'idée d’affronter un tour du monde en solitaire.
"J'ai la patate ! Je suis en train de me dire que c'est bon là, on va partir, on va couper le cordon et j'en ai besoin. J'attends ça depuis longtemps... depuis quelques jours, j'ai juste envie de prendre la mer, de me retrouver tout seul sur mon bateau et de faire mon métier.
C'est mon premier Vendée Globe, mais c'est aussi mon premier village. L'ambiance a été tarée : jamais je n'aurais penser voir autant de monde. Les gens sont heureux, ils posent plein de questions, il y a énormément d'enfants qui nous souhaitent bonne chance, cela fait chaud au coeur.
Après c'est sûr qu'on est très sollicité entre le public, les médias et les partenaires. On a pas forcément l'habitude d'être reconnu partout et j'ai un peu l'impression d'avoir eu le quotidien d'une petite célébrité, c'est assez étrange.
Ces quinze derniers jours, quand je ne bossais pas sur le bateau, j'ai essayé de faire un peu de sport et de bien me reposer. J'ai aussi voulu passer un maximum de temps en famille, quand j'en avais l'occasion. Il y a un peu de culpabilité. C'est sûr que j'aimerais bien prendre plus de temps pour eux, mais j'ai tout de même essayé d'être tous les matins au petit-déjeuner, d'aller faire des promenades à la plage.
Ma plus grande fille a presque trois ans, elle est consciente que papa va s'en aller quelques mois. Je lui parle en permanence, je compte lui envoyer un paquet de photos pendant le tour du monde.
Depuis jeudi, j'ai commencé à travailler sur la météo de la première semaine. C'est plutôt calme, il n'y a pas de cartouche à l'horizon. Il y a beaucoup de portant (allure de vent qui vient de l'arrière du bateau, ndlr), c'est le top.
Au moment du départ, j'ai plutôt tendance à me lancer en deuxième ligne car j'ai moins d'expérience que les autres et il y a un peu de stress de toucher les concurrents. Je préfère partir une minute derrière que de perdre des heures, ou pire, parce que j'ai pris des risques.
Derrière l'idée, ce sera de faire ma course, mais de la faire bien. Il y a seize voiliers à dérives droites et je serai dégoûté d'être 15e de ce classement. J'espère pouvoir laisser un max de bateaux derrière, même si je sais qu'il y a des moments où il faudra lever le pied.
En tout cas ce n'est pas pendant les deux premières semaines que je vais sortir mes deux lignes pour pêcher du thon. Je compte attendre un moment de grosse pétole pour en profiter enfin."
I.Mansoor--DT