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L'Erythrée à l'honneur dans le Giro ! Biniam Girmay a continué à écrire l'histoire en devenant mardi à Jesi le premier coureur africain noir vainqueur d'étape dans un Grand tour.
Moins de deux mois après son succès dans Gand-Wevelgem, le premier d'un coureur africain dans une classique, Girmay a confirmé l'étendue de ses qualités. Pour preuve, le nom de son dauphin, le Néerlandais Mathieu van der Poel, qui a levé le pouce en se relevant à quelques mètres de la ligne pour saluer la performance de son cadet (22 ans) dans la 10e étape.
Sa joie a seulement été ternie par un accident imprévu survenu lors de la cérémonie protocolaire. Il a été blessé à un oeil par le bouchon d'une bouteille qu'il venait d'agiter et a dû aller à l'hôpital pour se faire soigner.
En quelques mois, l'Erythréen, qui est passé par le Centre mondial du cyclisme, une structure de l'Union cycliste internationale (UCI) à destination des talents de pays moins favorisés, a pris rang dans le Gotha du peloton. Mardi, toute l'équipe belge Intermarché s'est mise à son service dans le final, très animé mais contrôlé par les hommes de Girmay.
Si van der Poel s'est dispersé dans plusieurs attaques - des efforts qu'il a sans doute payés dans le sprint final -, Girmay est resté vigilant, très bien placé, dans la dernière montée, à l'entrée des 10 derniers kilomètres. Cette côte, avalée à grande vitesse, a condamné le Français Arnaud Démare, le porteur du maillot cyclamen du classement par points que vise aussi Girmay.
"J'étais vraiment bien, ça se joue vraiment à pas grand chose", a expliqué Démare, qui n'a pu que constater: "Girmay revient fort au classement." A trois points précisément alors que l'Erythréen, passé professionnel en 2020 dans l'équipe française Delko avant de rejoindre Intermarché au printemps 2021, dispute son premier grand tour.
- Passé colonial et rêve d'enfance -
"Chaque jour on écrit une nouvelle histoire", a souri Girmay, le visage toujours souriant. "Je peux dire que je suis heureux et reconnaissant", a ajouté l'Erythréen, qui fait l'honneur sportif de son pays.
Souvent fêté par des compatriotes émigrés en Europe aux départs et aux arrivées des courses, Girmay avait insisté avant le départ de Hongrie sur la particularité que revêt pour l'Erythrée le Tour d'Italie, en raison des liens coloniaux datant de la fin du XIXe et dans la première moitié du XXe siècle.
"Enfant, je regardais le Tour d'Italie à la télévision avec mes amis. Je sortais faire du vélo avec le rêve d'un jour pouvoir participer à un Grand tour", avait raconté l'Erythréen.
"Avec l'équipe, nous nous sommes fixés comme objectif de décrocher une victoire d'étape. Si j'ai la chance d'y parvenir, je deviendrais le premier Africain noir à remporter une étape dans un Grand tour. Au même titre que ma médaille d'argent aux Mondiaux Espoirs et ma victoire dans Gand-Wevelgem, cela signifierait beaucoup pour mon pays, pour le continent africain et le cyclisme en général", ajoutait-il.
Pendant cette chaude journée, le Giro a rendu hommage à l'un de ses anciens lauréats, Michele Scarponi (vainqueur en 2011 après le déclassement de l'Espagnol Alberto Contador), décédé voici cinq ans après avoir été renversé à l'entraînement par un camion. La course est passée à Filottrano, la bourgade du coureur italien dont un portrait géant était affiché sur les murs du centre-ville.
Mercredi, la 11e étape présente un profil rigoureusement plat de Santarcangelo di Romagna à Reggio Emilia, sur un parcours souvent rectiligne de 203 kilomètres. Les sprinteurs disposent d'une chance de première ordre au bout d'une ligne droite de 350 mètres dans la ville d'Emilie où Fernando Gaviria s'était imposé en 2017 lors de la précédente arrivée du Giro.
C.Masood--DT