AEX
13.6800
A quelques jours du départ du 10e Vendée Globe, tout est quasiment prêt sur les pontons des Sables-d’Olonne. Après une édition 2020 débutée dans la tristesse et le silence du confinement, les skippers s’attendent cette fois, dimanche, à une sortie du chenal forte en émotions.
Depuis l'ouverture du village le 18 octobre, une foule dense et joyeuse se presse chaque matin sur les quais pour admirer les 40 majestueux Imoca qui partent pour un nouveau tour du monde.
Un contraste saisissant avec l'atmosphère silencieuse et quelque peu morose de l'édition précédente, dont le coup de canon avait été donné sans aucun public quelques jours après l'annonce du deuxième confinement, lié à l'épidémie de Covid.
"La course avait été super à la télévision, mais le village avait fermé une bonne partie du temps. Aujourd'hui, on peut voir les marins sur leur bateau pour les encourager", sourit Huguette Chaussinand, une retraitée vendéenne venue lundi.
En cette journée de rentrée des écoles, elle et son mari anticipaient un accès plus rapide au ponton des skippers. Raté, après 40 minutes à patienter, le couple n'était encore qu'à la moitié de la file...
- Dernières navigations -
Les organisateurs ont noté lundi "des chiffres de fréquentation en hausse" sur le village avec 360.000 visiteurs lors de la première semaine, soit 20 % de plus qu'en 2016.
"Après huit ans d'attente, l'engouement du public est palpable", s'est félicité auprès de l'AFP le président du Vendée Globe Alain Leboeuf.
"C'est incroyable de retrouver cette ambiance. C'est de la folie", apprécie le navigateur Romain Attanasio (Fortinet - Best Western), qui a bouclé les deux derniers Everest des mers.
Victime d'un violent démâtage il y a deux mois seulement, le marin de 47 ans a pu arriver à temps aux Sables-d'Olonne grâce à la mise en place d'une cagnotte solidaire en ligne qui a rassemblé 163.000 euros et l'achat d'un mât à un concurrent.
"C'est tellement dur d'arriver là. Je ne suis pas le premier à le dire, mais c'est déjà une victoire d'être au départ d'un Vendée", souligne-t-il en mettant le pied sur son bateau lundi.
Immédiatement reconnu et encouragé par une vingtaine d'élèves en sortie scolaire, il prend quelques minutes pour saluer le groupe d'ados, avant de se remettre à la préparation de son voilier à foils.
En déficit de temps de navigation, Attanasio souhaite profiter d'une partie de la journée pour sortir une dernière fois en mer et "tirer un ou deux bords", dans le petit temps, pour se rassurer.
- "Le moment d'une vie" -
Plusieurs des favoris comme Yoann Richomme (Paprec Arkéa), Thomas Ruyant (Vulnérable 1) et Sam Goodchild (Vulnérable 2) ont aussi emprunté dans la matinée l'emblématique chenal qui, à la différence du village, était encore relativement désert lundi.
Dimanche matin, il sera noir de monde, comme lors de toutes les éditions précédentes... sauf une. "Pour moi ça va être nouveau. En 2020, le chenal était vide. C'était un peu comme si on avait joué la finale de la Coupe du monde à huis clos", se souvient Maxime Sorel (V and B - Monbana - Mayenne).
"Là on s'attend plus à un match au Maracana", prédit-il, en référence à l'ambiance de feu du stade de Rio de Janeiro.
Cornes de brume, applaudissements, banderoles de soutien, le public plutôt discret de la course au large s'enflamme depuis 1989 pour ces solitaires qui partent une fois tous les quatre ans autour du monde, lors d'un périple sans escale et sans assistance.
Plus de 300.000 personnes sont attendues le jour du départ. Et la grande majorité des skippers professionnels souhaitent prendre part à ce "moment d'une vie, qui n'a rien à voir avec une autre course".
"On se retrouve tous très petits au milieu de la foule. Tout le monde à bord du bateau pleure, les gens sur les quais pleurent, tu ne peux pas te retenir, tu es compressé de partout par l'émotion", raconte le Suisse Alan Roura.
"Et quand tu sors du chenal, c'est fini", ajoute-t-il marqué.
Et en même temps tout commence : une fois le départ donné au large des Sables-d'Olonne à 13h02 dimanche, il restera 24.300 milles devant l'étrave des monocoques, quelque 70 jours de navigation pour les plus rapides.
A.Hussain--DT