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Troisième du Giro après neuf étapes, Romain Bardet s'impose comme l'un des hommes forts de la course rose qu'il prend un plaisir évident à disputer pour la deuxième fois de sa carrière.
Le Français de l'équipe DSM a évacué la déception de la deuxième place au sommet du Blockhaus, dimanche, quand il a laissé filer une occasion magistrale de remporter pour la première fois une étape du Tour d'Italie. Sous le soleil de la côte adriatique, lundi, il a passé la journée de repos au calme - "Un tour de vélo le matin, le massage et un petit barbecue", a-t-il dit.
L'Auvergnat a aussi répondu à quelques questions sans se projeter outre mesure sur ses ambitions finales. Même s'il a retrouvé le très haut niveau qui en fit un coureur présent à deux reprises sur le podium du Tour de France (2e en 2016, 3e en 2017) lorsqu'il portait les couleurs de l'équipe de ses débuts (AG2R La Mondiale), quittée au début de l'année dernière.
"J'ai vécu beaucoup de choses sur les grands tours, des grandes joies, des déceptions, je prends maintenant les choses comme elles viennent, sans me prendre la tête", affirme le coureur de Brioude (Haute-Loire). "Pour l'instant, ça se passe bien."
En réalité, les clignotants sont tous au vert pour Bardet, en droit de viser la victoire finale qu'aucun Français n'a remportée depuis Laurent Fignon en 1989. Mais il ne veut pas se prononcer jusque-là: "Je me sens bien, tout se passe bien, c'est un très bon début mais on n'est pas encore à la moitié du Giro !"
- "Pour l'instant tout va bien" -
En neuf étapes, le nombre de ses adversaires pour le podium s'est réduit. Tom Dumoulin (vainqueur en 2017) a abandonné toute ambition, le Néerlandais Wilco Kelderman (3e en 2020) et surtout le Britannique Simon Yates (3e en 2021) ont perdu pied sur les pentes du Blockhaus.
Bardet, pointé à seulement 14 secondes du maillot rose espagnol Juan Pedro Lopez, a pu vérifier en revanche le niveau de l'Equatorien Richard Carapaz et de l'Espagnol Mikel Landa, les deux qui se sont situés à sa hauteur dans l'exigeante montée du Blockhaus, ainsi que l'efficacité du Portugais Joao Almeida et le retour en forme de son ancien coéquipier, l'Australien Jai Hindley, qui l'a privé du succès d'étape convoité.
"On a toujours dit qu'on venait là pour le classement général", reconnaît le Brivadois. "Mais si je peux gagner une étape en passant... Je suis passé près, j'espère que j'aurai une autre opportunité pour lever les bras." Et rejoindre ainsi les 21 coureurs en activité vainqueurs sur les trois grands tours (France, Italie, Espagne).
Il lui faudra probablement attendre quelques jours, laisser la place à Arnaud Démare (déjà vainqueur de deux étapes) et quelques autres en raison du profil en creux de la deuxième semaine pour le classement général. Avant de se repositionner et tenir compte aussi de son équipe, a priori moins armée que l'Ineos de Carapaz ou la Bahrain de Landa pour contrôler la course.
"Les quatre prochaines étapes peuvent comporter des pièges, il faudra rester attentif", relève-t-il en privilégiant l'étape de samedi (Turin), "plus dure que l'étape de montagne du lendemain".
Fort d'une expérience accumulée depuis ses débuts en 2012, Bardet se veut avant tout réaliste à l'âge de 31 ans: "J'ai plus de dix grands tours maintenant derrière moi. Je sais à quoi m'attendre, je sais que tout peut basculer. Pour l'instant, tout va bien et je me fais plaisir."
H.Sasidharan--DT