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Les feux de l'Etna, qui se dresse mardi sur la route du Tour d'Italie, doivent offrir les premières lumières de la course sur les prétentions des grands noms du peloton et éclairer les ambitions imprécises de l'enfant du pays, Vincenzo Nibali.
Les +antipasti+ hongrois avalés, un +primo piatto+ de taille s'annonce dès la quatrième étape mardi: une arrivée au sommet sur le versant sud de l'Etna et les premiers coups de pédale de ce 105e Giro en Italie. Plus précisément, sur la terre de Sicile, l'île natale de celui qui porte presque à lui seul les ambitions nationales, le vieillissant Vincenzo Nibali.
A 37 ans, le double lauréat (2013 et 2016) s'était présenté en Hongrie sur la pointe des cales, "sans ambitions précises encore", reconnaissait "Lo Squalo" (le requin) en conférence de presse.
Un flou collant mal à ce champion ayant marqué une génération. Au point même de rendre les victoires des autres plus belles, de leur propre aveu, notamment celle de Thibaut Pinot dans le Tour de Lombardie 2018 devant lui. "J'arrive dans ce Tour d'Italie un peu... pas en super condition, mais on a bien travaillé en prévision de ce Giro", assurait pourtant Nibali jeudi dernier, à la veille du départ.
Après la déception du Tour de Sicile (4e), mi-avril, où son compatriote Damiano Caruso, vainqueur, l'a dominé sur un autre versant du volcan, le Sicilien a ajouté la Flèche wallonne (34e) et Liège-Bastogne-Liège (30e) à son programme de travail. Le tout alors que le Tour de France, son objectif de l'année, est encore lointain.
En l'absence de Caruso, dauphin d'Egan Bernal l'an passé sur le Giro, le Requin paraît être le seul à pouvoir faire rêver les tifosi. Après trois jours de course, les ambitions de l'autre prétendant italien, Giulio Ciccone, paraissent déjà entamées avec 50 secondes de retard sur Simon Yates. A l'inverse, celles de Nibali, de retour chez Astana, l'équipe de ses plus grandes années (2013-2016), sont regonflées.
Son contre-la-montre de samedi à Budapest, où il s'est classé 12e à 19 secondes de Yates, lui débouche l'horizon de ce Giro très ouvert.
- "La route décidera" -
A la veille du grand départ, les questions des journalistes - y compris italiens - sur son rôle en disaient plus que ses réponses: personne n'a demandé au Colombien Miguel Angel Lopez, son coéquipier, quel serait le sien, étant entendu qu'il était leader.
Le dossard 31 de Nibali paraissait moins le désigner comme leader qu'avoir une valeur symbolique, jusqu'à son chrono convaincant dans les rues de Budapest, quand celui de Lopez, 59e à 42 secondes, l'était moins. "Les leaders, ce sont lui et Lopez", affiche désormais clairement son équipe par la voix de son directeur sportif italien, Mario Manzoni. "Nous n'avons pas de sprinteur alors l'équipe est bâtie autour d'eux et ensuite la route décidera."
La décision pourrait intervenir dès mardi. A la veille de l'arrivée de la 5e étape dans sa ville natale de Messine, l'attaquant flamboyant se lancera-t-il dans un assaut dont il a le secret pour endosser le maillot rose ? "Surprise, surprise", plaisante Mario Manzoni.
Douze ans après avoir enfilé l'étoffe pour la première fois au soir justement de la 4e étape du Giro 2010, Lo Squalo dispute peut-être sa dernière "corsa rosa": "Je ne sais pas", a répondu Nibali.
Une épreuve marquée de son empreinte, comme l'a rappelé son orgueil de champion en conférence de presse: "J'ai des ambitions: en dix éditions, seulement quatre fois j'ai fini hors du podium final." Le Requin a la peau dure et "beaucoup de fantaisie", prévient Manzoni.
F.A.Dsouza--DT