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Le Camerounais Joel Embiid, en quête d'une naturalisation française, sera, s'il l'obtient, sélectionnable. Mais de là à le voir jouer en Bleu durant les JO-2024, il y a un pas loin d'être franchi pour la star NBA, sans attache avec le basket hexagonal.
"Il a entamé des démarches de naturalisation et souhaiterait ensuite pouvoir jouer pour la France", a indiqué mardi à L'Equipe Boris Diaw, le manager général de la sélection, confirmant une information de RMC Sport.
Sur le papier, la perspective de voir le pivot des Sixers de Philadelphie (2,13 m), un des tous meilleurs au monde, finaliste pour le trophée de MVP en NBA dont il a fini cette saison meilleur marqueur (30,6 pts de moyenne), porter les espoirs de titre olympique français à Paris en 2024, a de quoi susciter un emballement.
Mais sur cette route, nonobstant la complexité du processus de naturalisation - et donc sa faisabilité - pour le joueur né à Yaoundé, ne vivant pas en France et n'y ayant pas d'attache familiale, d'autres difficultés suivraient.
"Joel n'a aucun lien avec le basket français. Il n'a pas joué en France, il n'a pas vécu en France. Il y a quelque chose d'incongru dans la filiation de Joel avec la France du basket. Etre un des meilleurs basketteurs du monde ne suffit pas", expose pour l'AFP Jacques Monclar, consultant basket pour BeIn Sports.
- "C'est dérangeant" -
Embiid et les Bleus, l'histoire n'est pourtant pas nouvelle, puisque les premières approches avec la Fédération française datent de 2016. Révélées deux ans plus tard, elles avaient suscité des réactions guère enthousiastes, Evan Fournier estimant notamment que "jouer pour un pays avec lequel tu n'as pas d'attaches c'est dérangeant".
Des joueurs naturalisés, il y en a eu en Bleu, de Crawford Palmer, médaillé d'argent aux Jeux de Sydney en 2000, à Joakim Noah, finaliste à l'Euro-2011. Et tous, contrairement à Embiid, ont eu un vécu dans le basket français, avant d'enfiler le maillot tricolore.
"Dans certains pays, il y a une pratique du passeport de complaisance très éloignée du cas Embiid, car il parle français, il dit avoir oncle et tante vivant en France. Donc si l'aspect légal est respecté, je ne vois pas pourquoi, sportivement, on se passerait de lui", estime à l'AFP l'ex-sélectionneur Claude Bergeaud (2003-2007).
L'immense talent du joueur, sa puissance, sa technique, sa maturité à 28 ans en font un atout en effet considérable.
"L'entraîneur que j'ai été, se voit bien sûr coacher Joel Embiid avec Gobert, Batum, Fournier... Mais il faut prendre en compte pas mal d'obstacles à franchir", se projette Jacques Monclar.
- Duo détonant avec Gobert -
"D'abord, on parle d'un joueur qui a connu quelques blessures, il va falloir donc prendre une assurance pour qu'il joue au niveau international. Il devra accepter l'aspect logistique, les joueurs passent un mois en stage avec l'équipe de France avant une compétition, donc il faudra aussi que les Sixers veuillent le libérer", développe-t-il.
"On travaille sur la continuité avec les Bleus, aussi. Je vois mal (le sélectionneur) Vincent Collet dégommer les joueurs qui ont remporté l'argent olympique à Tokyo. Et on ne connaît pas sa capacité d'adapation, à la fois aux compétitions Fiba et au système de jeu. Ces paramètres sont importants", enchaîne Claude Bergeaud.
"On risque de créer un changement susceptible de déstabiliser le groupe, notamment au niveau des égo", complète encore Monclar.
"Je peux comprendre que cela dérange éthiquement, mais d'un point du vue du basket (...) une raquette Embiid Gobert, p...n !", a résumé de son côté le capitaine des Bleus Nicolas Batum dans L'Equipe mercredi.
Embiid, avec son profil d'attaquant capable de jouer vers les extérieurs, peut former un duo d'intérieurs détonant avec Rudy Gobert, qui brille avant tout par sa dissuasion défensive. Aux JO de Tokyo, Collet n'avait pas hésité, à certains moments, à associer "Gobzilla" à Vincent Poirier contre les Etats-Unis, avec succès en match d'ouverture (83-76).
Ce dernier, qui a ironisé sur tweetant "J'vais commencer a jouer 2/3 (arrière-ailier) en EDF moi", pourrait faire les frais de l'arrivée du Camerounais en Bleu. Et il n'est pas le seul.
"Si tu prends Joel, tu enlèves quelqu'un d'autre. On possède aussi Victor Wembanyama. Or ce serait dommage, qu'il ne joue pas les JO à Paris", dit Monclar, à propos de l'ailier fort de 18 ans, grand espoir du basket français.
G.Gopinath--DT