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L'Arena Champ-de-Mars a cru au miracle jusqu'au bout: déjouant tous les pronostics, Joan-Benjamin Gaba s'est hissé lundi en finale du tournoi olympique de judo (-73kg), mais il a cédé au bout d'une finale irrespirable et se contente de l'argent.
C'est pourtant davantage Sarah-Léonie Cysique, médaillée d'argent à Tokyo en 2021, qui était attendue lundi dans le tableau féminin. Et si elle a tout de même fini en bronze, elle visait plus haut.
Mais Gaba, qui n'avait jusqu'ici qu'une médaille de bronze européenne pour toute récompense individuelle internationale, a réussi à 23 ans le meilleur tournoi de sa jeune carrière.
Il offre au passage au judo français sa cinquième médaille en trois jours seulement (deux argent et trois bronze). Manque encore l'or: Clarisse Agbégnénou, grande favorite de sa catégorie (-63kg), entre en lice mardi.
A la veille des Jeux, Gaba ne faisait pourtant pas partie des stars du judo français. Sa médaille aura sans doute surpris beaucoup de monde... sauf lui-même et ses proches.
"J'y vais pour gagner, assurait-il quelques jours avant les Jeux, ma médaille de bronze aux derniers championnats d'Europe a été un déclic. Ça m'a donné beaucoup de confiance. Je me sens légitime d’aller décrocher une médaille aux JO".
Des médailles internationales, le licencié au Judo club Chilly-Mazarin/Morangis en avait d'ailleurs déjà quelques unes dans son armoire, mais acquises pour la plupart en compétition par équipes, avec notamment quatre titres de vice-champion du monde avec la France.
- Combat farouche -
Son unique frère Raphaël, son aîné d'un an, avait lui aussi "senti" que son cadet s'apprêtait à passer dans une autre dimension.
"Dans la semaine, il est rentré du village olympique", a-t-il témoigné lundi: "J'ai vraiment senti chez lui une aura, une certaine légèreté, aucune anxiété. Vraiment une confiance, une assurance. Je l'ai ressenti".
Dans une catégorie sans leader naturel en France, le jeune combattant avait gagné sa place aux Jeux grâce à une modeste médaille de bronze européenne fin 2023.
Dans la matinée, Gaba a réussi deux exploits pour se hisser en demi-finale. Dès son premier combat, il a éliminé le vieux guerrier Géorgien Lasha Shavdatuashvili, champion olympique à Londres-2012 en -66 kg et médaillé d'argent à Tokyo-2020 en -73kg.
Puis, après une victoire plus facile contre un adversaire tanzanien, il a défait en prolongation et au terme d'un combat d'une incroyable intensité le Japonais Soichi Hashimoto, de neuf ans son aîné et champion du monde 2017.
En finale, il a de nouveau poussé son adversaire à la prolongation, et n'a concédé un ippon qu'après presque 9 m 30 sec d'un nouvel affrontement farouche.
- "Guerrier" -
Son frère Raphaël parle de lui comme d'un "guerrier". "C'est quelqu'un qui ne ressent pas la peur. Il a vraiment un état d'esprit de guerrier. Donc quand il est face à l'adversaire, il ne se dit pas +je vais faire de mon mieux+. Non. Quand il y va, il se dit +je vais l'éteindre+", a-t-il raconté à quelques journalistes.
Dans le tableau féminin, Sarah-Léonie Cysique n'a pas pu faire aussi bien qu'à Tokyo, où elle avait décroché l'argent.
En demi-finale contre la double championne du monde canadienne Christa Deguchi, lors d'un âpre combat, les deux combattantes exténuées n'ont pas réussi à se départager sur un avantage (waza-ari ou ippon).
Après 8 min 49 de combat, dont 4:49 de prolongation, alors à deux pénalités partout, la Française a encaissé la troisième, synonyme de disqualification (hansoku-make).
Quelques minutes après, elle a fini sur une bonne note dans le match pour le bronze pour remporter sa deuxième médaille olympique, contre la Géorgienne Eteri Liparteliani.
Y.Chaudhry--DT