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Avant l'entrée en lice de Margaux Pinot aux Championnats d'Europe samedi, l'équipe de France de judo affiche un front uni derrière sa championne olympique, qui pourrait croiser en coulisses son ex-compagnon et entraîneur Alain Schmitt, qu'elle accuse de violences conjugales.
Trois semaines après d'amères retrouvailles à la barre du tribunal de Paris, les deux ex-amants devraient sans doute cohabiter dans la salle d'échauffement de l'Euro à Sofia, où Alain Schmitt officie désormais en tant qu'entraîneur en chef de l'équipe bulgare.
De quoi ressentir un peu d'appréhension? "Non, aucune. Je verrai bien ce qui se passera. En tout cas je serai +focus+ sur ma compétition", a-t-elle assuré au micro de RMC Sport.
"Ça demande beaucoup de force, peu de gens se rendent compte de ce que j'ai traversé et j'espère que j'en ferai un atout pour les compétitions. Peu de gens l'auraient fait donc je suis assez fière de moi là-dessus en tout cas", a ajouté la championne olympique par équipes à Tokyo.
Dans ce contexte, la double championne d'Europe (2019 et 2020 en moins de 70 kg) démarre sa compétition samedi matin contre la Roumaine Serafima Moscalu, 79e mondiale, et pourra compter sur le soutien de l'encadrement des Bleus.
"Le staff est conscient (du contexte), ils sont vigilants, ils font attention à ça", assure Larbi Benboudaoud, le directeur de la haute performance du judo français. "Maintenant, il faut aller de l'avant. On va l'accompagner au mieux."
- "Dans sa bulle" -
Margaux Pinot accuse Schmitt, qui était son entraîneur au sein du club l'Etoile sportive du Blanc-Mesnil, de lui avoir asséné des coups, frappé la tête contre le sol et d'avoir tenté de l'étrangler lors d'une altercation dans la nuit du 28 novembre 2021.
L'affaire a pris une ampleur médiatique et une coloration sociétale inattendues depuis la retentissante relaxe en première instance de l'entraîneur de 38 ans, qui nie les faits et se dit victime d'un "lynchage médiatique".
La bataille entre les deux judokas s'était ensuite poursuivie par médias interposés avant des retrouvailles lors du procès en appel, le 8 avril dernier au tribunal de Paris, où le procureur a requis un an de prison avec sursis contre Schmitt. La décision est attendue le 10 juin.
"Avec elle, comme avec le reste de l'équipe, on est bienveillants avec nos athlètes et attentifs à leurs moindres problématiques pour essayer de trouver des solutions pour ne pas générer de contre-performances", explique Benboudaoud.
"Là, c'est une problématique qui est sans précédent. On va essayer d'anticiper au mieux. Les entraîneurs ont discuté avec elle, l'ont rassurée", poursuit-il. "Mais quand elle sera dans sa bulle, je suis persuadé qu'il n'y aura pas de problème."
Depuis cette affaire, Schmitt a pris de nouvelles fonctions à la tête de l'équipe bulgare pour préparer les Championnats d'Europe à domicile.
"On sait que ça va être difficile pour elle, mais on va être soudés, on va être là pour elle", affirme Amandine Buchard. "On va faire en sorte qu'elle ne sorte pas de la compétition et qu'elle reste focus sur ces objectifs."
"On sera là pour elle, pour l'encourager et l'épauler. C'est une fille qui a un gros mental et je sais qu'elle passera outre ça", poursuit-elle. "Je pense que ça se passera bien."
S.Mohideen--DT