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A 22 ans, Remco Evenepoel a rajeuni dimanche un peu plus la Doyenne des classiques cyclistes, Liège-Bastogne-Liège, enlevée en solitaire le jour de la blessure de son coéquipier, le champion du monde Julian Alaphilippe.
En attendant de connaître la gravité de la blessure du Français, apparemment surtout touché au dos, l'équipe Quick-Step a fêté la grande performance d'Evenepoel, auteur d'une offensive de grande ampleur dans les 30 derniers kilomètres. Un an après le succès du Slovène Tadej Pogacar (absent dimanche), le vainqueur du Tour de France à peine plus âgé de quelques mois lors de son sprint victorieux en petit comité en 2021.
Evenepoel, à qui tout un pays promet un grand destin malgré sa grave chute d'août 2020, a pris la suite au palmarès des victoires belges de Philippe Gilbert. Onze ans après, Gilbert a participé pour la dernière fois à la Doyenne tout comme le vétéran espagnol Alejandro Valverde, quatre fois victorieux et encore placé dimanche sur le quai des Ardennes (7e).
En ce jour de fête pour le cyclisme belge, deux autres coureurs nationaux sont montés sur le podium. Quinten Hermans, un spécialiste de cyclo-cross, a réglé le sprint pour la deuxième place, à 48 secondes du vainqueur, devant le champion de Belgique Wout van Aert, qui faisait ses débuts dans la Doyenne.
Autre débutant sur des routes qu'il connaît toutefois par coeur, Evenepoel a mis tout le monde d'accord par un violent démarrage en haut de la côte de la Redoute. Derrière lui, la poursuite menée le plus souvent par l'équipe Bahrain jusque-là omniprésente a placé le groupe à une quarantaine de secondes au pied de la dernière côte, la Roche-aux-Faucons, où Evenepoel a distancé le dernier rescapé de l'échappée matinale, le Français Bruno Armirail.
- Le geste de Bardet -
"J'ai eu des frissons dans la montée", a déclaré Evenepoel, très ému à l'arrivée, à propos des ovations d'un public qui le considère comme un prodige depuis ses démonstrations dans la catégorie juniors et ses débuts fracassants à l'âge de 19 ans, dans l'élite, quand il avait gagné la Clasica San Sebastian.
Sa chute mémorable dans une descente du Tour de Lombardie, l'été suivant, a ajouté à l'intérêt porté envers l'ancien footballeur, venu plus tard au cyclisme. Ses faits et gestes sont décortiqués, ses faiblesses techniques (surtout dans les descentes) analysées, au risque d'une pression démesurée pour qu'il succède à Lucien Van Impe, le dernier vainqueur belge du Tour de France en 1976.
Pour l'heure, Evenepoel savoure le succès qui sauve le printemps jusque-là raté de son équipe Quick-Step dans les classiques. "C'est la course de mes rêves", avait répété le jeune Belge avant le départ des 257 kilomètres, convaincu que la Doyenne, par son profil exigeant (4500 m de dénivelé positif) et la répétition des côtes dans les vallées profondes des Ardennes, pouvait lui convenir.
"Je peux dire aujourd'hui que je suis revenu à mon meilleur niveau et que je suis parmi les meilleurs du monde", a estimé le vainqueur du jour.
"Il était le plus fort, c'était impossible de le rejoindre", a reconnu van Aert, satisfait de sa troisième place. Surtout après avoir été légèrement décroché du groupe de poursuite dans la Roche-aux-Faucons, l'ultime difficulté qui a sonné le glas des espoirs de Benoît Cosnefroy (24e) et Valentin Madouas (34e).
Les autres chances françaises avaient disparu dans la grosse chute survenue en descente à 60 kilomètres de l'arrivée pour toute une partie du peloton. Principalement Julian Alaphilippe, projeté à quelques mètres de la route et secouru dans un premier temps par Romain Bardet.
"On ne fait pas du vélo pour cela", a réagi Bardet. "La dernière fois que j’ai vu une telle chute, c’était la chute de William Bonnet sur le Tour en 2015".
H.Yousef--DT