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Entre compétition et émotion, les handballeuses ukrainiennes, première sélection de leur pays à reprendre la compétition depuis l'invasion russe le 24 février, vont défier les Françaises samedi au Havre (19H30) pour tenter de décrocher une place à l'Euro-2022.
Avec des joueuses éparpillées et une fédération ukrainienne privée de fonds, le match a bien failli ne pas se jouer. Mais la fédération française de hand a pris le déplacement en charge (environ 30.000 euros).
Reste à savoir si les Ukrainiennes auront suffisamment d'allant pour inquiéter les joueuses d'Olivier Krumbholz, déjà qualifiées pour le Championnat d'Europe en novembre.
"C'est très difficile d'avoir la tête pleinement à la compétition", reconnaît le sélectionneur Vitaly Andronov. "Les filles sont très touchées par la guerre, elles sont très inquiètes pour leurs proches qui sont restés en Ukraine".
Tout comme le médecin de l'équipe, Andronov a reçu une autorisation spéciale pour quitter l'Ukraine et devra y retourner rapidement. Les joueuses de la sélection évoluent en revanche en majorité à l'étranger, même si une dizaine joue à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine. La plupart d'entre elles ont trouvé refuge en République tchèque.
"Nous sommes des sportives avant tout. Nous avons l'habitude de ne jamais avoir assez de temps pour nous préparer", assure la capitaine Iryna Glibko, qui évolue en Roumanie.
"Le report des deux matches contre la République tchèque en mars ne nous a pas aidées. C'est un peu plus dur de se comprendre, de se souvenir de ce qu'on avait préparé avant", reconnaît-elle.
"Mais nous n'avons pas d'autre choix que de nous battre", ajoute-t-elle. "Je suis heureuse d'être là avec mon équipe, pour défendre l'Ukraine et notre drapeau, et dire que nous sommes fières de nos soldats, de notre pays et de nous-mêmes".
- "Aucun cadeau" -
Pour leur retour à la compétition mercredi, les Ukrainiennes se sont inclinées contre la Croatie (26-19), une rencontre "à domicile" disputée à Graz dans le sud-est de l'Autriche, grâce au soutien logistique et financier de la fédération autrichienne.
Un revers qui complique leur tâche, dans la course au second billet du groupe pour l'Euro-2022.
Mais tout reste possible: si la Croatie tient la corde avec 4 points, l'Ukraine et la République tchèque, toutes les deux à 2 points, doivent encore disputer leurs deux confrontations directes, initialement prévues début mars.
"Comme toute la population en ce moment en Ukraine, on ne va pas lâcher", assure Andronov. "La République tchèque a bien battu la France mercredi, nous aussi nous croyons au miracle".
"On ne leur fera aucun cadeau", a promis Krumbholz. "On s'est battu pour que ce match existe (...). Ce que l'on veut maintenant, c'est un beau match de hand, qu'elles montrent ce qu'elles sont capables de faire".
Lors du match aller en octobre, les Bleues, championnes olympiques, vice-championnes d'Europe en 2020 et du monde en 2021, avaient dû ferrailler pour s'imposer 28-25 à Soumy, dans l'est de l'Ukraine.
Mais c'était avant le 24 février et l'invasion russe.
"On espère qu'individuellement, elles ne sont pas trop dans la peine, la souffrance et l'inquiétude, pour qu'elles puissent quand même jouer et bien jouer au handball", a expliqué Krumbholz.
"Nous avons vécu avec l'équipe de France ces dernières années beaucoup de matches intenses avec des émotions mais celui de (samedi) sera forcément particulier", a ajouté Estelle Nze Minko, capitaine intérimaire de l'équipe de France en l'absence de Coralie Lassource, testée positive au Covid-19.
Signe de cette émotion, plusieurs joueuses ukrainiennes n'ont pu s'empêcher d'écraser une larme lorsqu'un petit orchestre a joué l'hymne ukrainien vendredi à l'hôtel de ville du Havre, où le maire Edouard Philippe a reçu les deux équipes.
Dans ce contexte, pour une fois, "quelle que soit l'équipe qui gagne, je serai heureux", a assuré l'ancien Premier ministre.
S.Al-Balushi--DT