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A 25 ans, Mathilde Lamolle a déjà participé deux fois aux Jeux olympiques: jusqu'aux JO de Paris, la championne d'Europe, finaliste du tir au pistolet à 10 m lors des Jeux de Tokyo, raconte son parcours à l'AFP.
Dans ce septième épisode, elle détaille son changement de coach et de structure d'entraînement, ainsi que les doutes qui accompagnent ces nouveautés.
"J'ai commencé à travailler avec mon nouvel entraîneur Walter Lapeyre, entre Bordeaux et Paris. Ca se passe plutôt bien, avec un nouveau discours, une nouvelle façon de travailler. C'est quelque chose de frais, qui me fait du bien. Mais c'est en construction et je ne pouvais pas imaginer avoir en quelques mois la relation que j'avais avec Laurent Sasso avec qui j'ai travaillé dix ans.
D'habitude, la saison débute par un gros bloc technique, puis on part en compétition avec cette base solide. Mais Walter est arrivé en me disant +techniquement, je n'ai rien à t'apprendre+. Donc on travaille plutôt sur de l'adaptation, de la mise en conditions de match. Il y a parfois des petites révisions techniques, mais pas plus. On crée des situations de match, avec des scores à faire, en intégrant des éléments de perturbation qui ne doivent pas m’empêcher de réussir mon geste.
C'est particulier parce que normalement, la technique ça rassure. Je trouve ça plutôt intéressant, mais il faudra voir si c'est une stratégie productive à long terme ou s'il faudra revenir un peu en arrière, trouver un juste milieu."
- "Petits ajustements" -
"J'ai eu besoin d'un temps d'adaptation pour trouver mes repères. Jusqu'en décembre, je ne suis pas revenue à Marseille mais j'ai réalisé qu'il me manquait un équilibre. Donc j'ai demandé à Walter si je pouvais parfois revenir le week-end pour voir famille et amis, puis rester trois jours pour travailler. J'aime bien tirer ici, avec Jean Quiquampoix (champion olympique à Tokyo, ndlr) et Clément Bessaguet qui sont des Top 5 Mondiaux. Ils m'aident à rester dans une démarche de haut niveau. A Bordeaux il y a beaucoup de jeunes et l'ambiance est différente, moins dans une quête d'excellence. Je craignais de sortir de ma recherche d'exigence et de performances.
Fin-décembre, on a vu que mes résultats n'étaient pas très bons. Ca faisait trop de changements, nouveau coach, nouvelles méthodes, nouveau cadre... On a cherché à identifier les manques et maintenant les résultats sont meilleurs. Ce sont des petits ajustements qui m'ont permis de retrouver des points de repère et d'être performante."
- "Toujours au top" -
"Cette année, il y a les Mondiaux, qui sont tous les quatre ans comme les Jeux. C'est ma priorité, avec un objectif médaille, et je veux aussi conserver mon titre de championne d'Europe. Il y a également quatre Coupes du Monde et j'ai gagné la première, au Caire. C'est ma première victoire en Coupe du Monde et elle valide ma progression.
L'objectif désormais c'est de confirmer mon niveau. Donc l'idée c'est de gratter encore quelques points pour avoir un peu de marge, être dans toutes les finales et essayer d'y entrer en faisant 7e plutôt que 8e etc. Pour arriver à ce résultat, ce sont des réglages très fins. Ca n'est pas une question de quantité, mais le physique apporte quelque chose, le mental aussi, la gestion de la pression, de l'état de forme, du jour un peu moins bien... Il y a une quinzaine de filles qui peuvent gagner et je veux être systématiquement dans le Top 8, toujours performante le jour J, toujours au top niveau.
L'objectif final, c'est Paris-2024. C'est bien d'avoir des résultats maintenant mais ce qui compte c'est d'être forte aux Jeux. J'essaie de me dire que c'est une année de transition et que je dois être patiente parce que les choses doivent se mettre en place. Je suis dans une démarche de travail et de progression personnelle avant de me projeter vraiment vers 2024. Mais ça va arriver super vite et forcément, dans un coin de la tête, les Jeux sont déjà là."
Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT
V.Munir--DT